Du givre au petit matin, un vent glacial et décoiffant tout au long de la journée et de la neige d’abord fondante, puis résiduelle. Trois saisons résumées en une seule journée.
Mais où est donc passé l’été ?
En même temps, on s’enfout. Que cet été frivole aille traîner où bon lui semble, tant qu’il laisse des créneaux de temps à peu près sec entre chacune de ses perturbations pluvio-neigeuses. Même avec le froid, même avec le vent, on aura toujours l’opportunité et le plaisir d’entreprendre des tours comme celui bouclé en ce dernier jour de juin, à saute-moutons sur la pseudo frontière entre Valais et Val d’Aoste.
Notre première escapade de la saison au-dessus des 2’500 mètres aura été plus fraîche, plus ventilée et plus humide que prévue, sans pour autant perdre de son attrait. L’aléa météo est parfois anecdotique quand la nature réserve des merveilles comme les paysages et les chemins menant de la Fenêtre de Ferret aux fameux Lacs de Fenêtre. J’irai même jusqu’à dire que ce (semi)mauvais temps rajoute une dimension d’immensité et d’austérité au grandiose environnement alpin de ce Haut Val Ferret. Une austérité également bien présente sur le tortueux chemin plongeant vers la jeune Dranse du même nom, qui serpente toujours à grands renforts de cailloux mal placés et de lacets pas toujours coopératifs, mais qui, au fil des saisons, se laisse de mieux en mieux apprivoisé.
Ferret, autre Fenêtre devenue quasiment incontournable dans une saison de bike bien remplie !
La dernière perturbation de la nuit a ramené du blanc sur nos dents.
Du blanc, mais aussi, du réfrigérant et surtout du vent.
Un vent à ébouriffer le plus vaillant des chiens du St-Bernard, même s'ils sont encore bien au chaud dans leur chenil de plaine.
La première bascule de l'itinéraire : cassante, rocheuse et pas franchement rassurante avec les muscles tétanisés par le froid.
Une fois n'est pas coutume, on entre dans le Val d'Aoste comme d'autres grands avant nous, par le chemin de Napoléon et d'Hannibal.
Quand le fond du célèbre sentier est trop caillouteux, reste ses flancs, pour rouler aussi "flowy" que sur le dos d'un éléphant.
Direction j'sais Baou...
.... par un "sentiero" tellement cassant qu'à défaut de nous déchausser les dents, il nous décolle au moins les paupières.
Y a pied ? J'sais pas, mais, au moins, y a déjà rochers et vu les températures du jour, c'est vachement appréciable.
Ciel mouvant et chemin grimpant, voire très grimpant.
Chaque mètre à peu près décent, est immédiatement mis à profit pour se réinstaller en selle.
Pas de Fourchon, ni de Zags au menu de cette journée quasi hivernale, mais une Fenêtre et un Orange.
Du noir dessous, de l'Orange dessus.
Welcome Back Home ! Comme si le Val d'Aoste n'était pas aussi, un peu chez nous.
La Suisse réputée pour son accueil froid ? Pfffff, ce ne sont que des ragots.
Ruisselants, tranchants et évanouissants. La plongée vers les lacs de Fenêtre, plus qu'un sentier, une multitude de sentes plus ou moins bien organisées.
Chacun y choisit sa ligne, à vue ou au feeling.
Et question vue, ici, y a à voir !
Le premier miroir de Fenêtre, sombre, froid et un chouïa austère. Tant pis pour la carte postale.
Autre rugosité, mais valable tous les jours, celle-là, certains tronçons de notre divin chemin.
A gérer avec circonspection et un doigt de Hope et de retenue.
Le deuxième miroir n'a rien à envier à son frère supérieur.
Pas vraiment tenté d'y piquer une tête.
Big Mountain. Ici, plus qu'ailleurs, c'est vraiment le cas de le dire.
Même dans le plus infâme des jardins de pierres, il y a toujours un chemin...
... à condition d'être inspiré et de savoir viser.
Du vert, du blanc et un ciel de moins en moins bleu.
Pour tenter d'éviter l'averse déjà annoncée, il serait de bon ton d'élever le rythme ...
... et de perdre rapidement de l'altitude.
Et tant pis si le chemin ne lâche rien. Nous non plus !
Dranse naissante, herbes rases et terre grasse.
Même si l'environnement gagne rapidement en verticalité, notre sentier préféré persiste en lacets...
... et en sillons plus ou moins profonds.
Sillons qu'il n'oublie jamais d'agrémenter de quelques rochers souvent mal placés, histoire de rester épicé.
Le massif du Mont-Blanc déjà prisonnier du mauvais temps, ne nous prive pas d'un toboggan final sec, à défaut d'être vraiment réchauffant.
Plutôt de nous laisser couler dans la vallée, nous décidons de persister à flanc.
Direction Ferret, sans passer par les Ars, ni de dessous, ni de dessus.
Caché dans sa ravine, nous finissons par découvrir notre meilleur ami de fin de journée.
Délicatement sinuant et récemment fauché (en vue du trail de Verbier) ...
... un élégant ruban herbeux nous séduit de ses lacets lascifs...
... et de son revêtement moelleux.
J'aime les chemins, mais de là à remonter jusqu'à la Léchère pour en rajouter un dernier, y a 194 mètres de D+ que je ne veux plus escalader aujourd'hui.