Haute route italienne, juillet 2005

Nous nous retrouvons le dimanche 10 juillet, Olivier, Guy notre guide et moi-même à Bourg St Pierre pour entamer notre petit périble alpin le long de la frontière italo-suisse; le but du jour est de rejoindre la Cabane de Valsorey; nous partons sous le soleil, puis les nuages envahissent progressivement le ciel; nous atteignons la cabane et il se met à pleuvoir – nous avons eu de la chance!


Le lendemain matin, nous mettons le cap sur le Col du Sonadon, afin de pouvoir rejoindre le Col d’Amianthe et passer sur l’Italie; un lever matinal à 3 heures nous permet de constater qu’un brouillard à couper au couteau nous empêche de voir au-delà de 2 mètres…nous nous recouchons et 2 heures plus tard, le brouillard, toujours présent, permet une visibilité de 50 mètres – après un frugal p’tit déj’, nous nous mettons en route; la présence d’un guide est toujours appréciable dans ces circonstances!

Plateau du Couloir, Col de Sonadon, Col d’Amianthe et ensuite brève halte au refuge C.A.I. Chiarella pour un café-gâteau des plus appréciés! Le temps passe progressivement au beau fixe. Continuation de la descente jusque bas dans la Combe de By, puis bifurcation sur la gauche en direction de la magnifique Combe des Eaux Blanches avant d’entamer la montée au bivouac non gardé de Regondi, surplombant 3 lacs alpins de toute beauté; par bonheur nous sommes seuls au refuge – un peu de détente au bord d’un lac, corvée d’eau, cuisine, repas puis on se couche, demain sera un autre jour!

Beau temps au réveil, nous ne tardons pas à nous mettre en route après le délicieux petit déjeuner lyophilisé (merci Guy!). But du jour: gravir le Mont Gelé et redescendre sur le refuge de Crête Sèche après franchissement du Col de Crête Sèche. Nous franchissons sans encombre l’imposante moraine du Glacier du Mont Gelé avant de prendre pied sur celui-ci; à la pause, alors que nous avions fait pas mal de chemin, Guy réalise qu’il a oublié sa corde au refuge – vu l’absence de dangers objectifs (en particulier crevasses), il nous recommande d’aller gravir de nous-mêmes le Mont Gelé pendant qu’il va chercher la corde – rendez-vous dans 2 heures au Col du Mont Gelé! Le timing a été parfait, après avoir fait le sommet, Olivier et moi retrouvons Guy arrivant au col en même temps que nous! Un cheminement parfois semé d’embûches (couloirs raides) nous permet de rejoindre le sentier de Crête Sèche et d’atteindre peu après le refuge du même nom; l’accueil fut chaleureux, et la cuisine servie n’a pas failli à la réputation d’excellence des refuges italiens; il nous faut emmagasiner du repos, la journée du lendemain (la dernière) s’annonce longue: Bec d’Epicoune, puis descendre côté suisse, prendre pied sur le Glacier d’Otemma, Col des Vignettes, Cabane des Vignettes et finalement Arolla – le tout avant 18h00 pour ne pas manquer le bus postal! Plutôt ambitieux…

Nous nous levons donc à 3h du matin et nous mettons en route à la lueur des frontales dans un pierrier pénible pour rejoindre la sauvage Combe Versants qui donne accès au Glacier du Chardonney; le ciel se charge, l’orage menace, ambiance mitigée au sein du groupe…le Bec d’Epicoune reste invisible, longtemps caché par le brouillard; nous finissons par le gravir par son arête sud-ouest, crampons aux pieds sur du rocher couvert d’une fine couche de neige – nous n’avons en tout cas pas gagné de temps! Le sommet atteint, la joie s’estompe très vite en réalisant que la pente de neige côté suisse telle que figurant sur la carte devra tout de même être précédée de 100 mètres de désescalade rocheuse abrupte et exposée aux chutes de pierre; nous jouons de la plus grande prudence et progressons très lentement – Guy nous exhorte tout de même à nous dépêcher – en effet, l’orage est de plus en plus menaçant et nous sommes en position délicate; heureusement, rien de tel avant que je ne pose le premier le pied sur la neige. Descente tortueuse sur le Glacier d’Epicoune; il paraît difficile de rejoindre le Glacier de l’Aouille et ainsi gagner du terrain sur l’interminable Glacier d’Otemma: décision est prise: il serait, vu le retard accumulé et la distance considérée, très optimiste d’espérer arriver à Arolla avant 18h00…nous choisissons très raisonnablement de bifurquer en direction de Chanrion et par la suite rejoindre Mauvoisin. Après moult péripéties (recherche d’itinéraire sur moraines raides et délitées) et une marche sans fin sur la route de Mauvoisin, nous nous retrouvons attablés devant des boissons rafraîssantes à l’Auberge de Mauvoisin avant de sauter dans le bus postal qui nous permettra de retrouver la « civilisation ». Ce furent 4 journées de montagne intenses et inoubliables entre amis – il nous tarde de repartir l’année prochaine!

l’essentiel de la course décrite ci-dessus se trouve sur la carte nationale au 25’000 1366 Mont Vélan