Avec une météo caniculaire mais orageuse en diable et une atmosphère très instable, le meilleur plan consiste à privilégier une sortie proche de ses bases et offrant des solutions de repli nombreuses et rapides. Plus simple à écrire qu’à trouver. Pourtant, au troisième expresso du dimanche matin, les paupières finissent par se décoller et la solution nous saute aux yeux à travers la fenêtre de sieur JP : la Pierre-à-Voir, aussi appelée le Cervin pour Japonais pressés de faire une photo du caillou le plus célèbre des Alpes, ne semble attendre que nos roues. Aussitôt dit, aussitôt fait. Direction Riddes, Isérables, la Tsoumaz, puis la Croix-de-Cœur et le Col de la Marlène.
Le reste n’a été finalement qu’une formalité pour un dimanche de juillet ordinaire alternant entre canicule et orage, chaleur et nappes de brouillard, dénivelé positif et sueur au litre, portage et souffle court, descente piégeuse et sueurs froides. As usual, in short…
L'ascension vers la Croix-de-Coeur : interminable, usante et finalement assez peu intéressante.
Changement de versant, mais pas de programme : encore 300 m de D+ à vaincre avant de toucher au Graal.
YES !!!! Enfin du single, et du single herbeux et en pente douce. Le dessert est annoncé.
Un cavalier, qui surgit du ciel sur sa monture blanche. Court vers l'aventure au galop. Son nom, il le signe à la pointe de son Blur. D'un Z qui veut dire JP
Une plaine étouffante de chaleur et criblée d'adeptes de bitume et de chrono contre un versant montagneux frais et parcouru de singles ludiques... Un choix qui n'a rien, mais alors vraiment rien de cornélien.
Le premiers contreforts de la Pierre sont en vue. Ca tombe bien, c'est elle qu'on est sensé venir "voir".
Col de la Marlène : LE carrefour. A peine sortis de la télécabine, les bikers anglo-saxons et leurs guides pas gratuits optent pour la descente directe sur Verbier. Les autochtones aux mollets noueux, eux, malgré les efforts déjà consentis, choisissent l'ascension vers la Pierre.
Une ascension qui démarre en mode danseuse...
... mais qui se poursuit rapidement en mode sherpa.
Le récent réaménagement du sentier permet néanmoins un rapide retour en selle.
Bienvenue au royaume du granit et de la verticalité.
Ce ne sont quand même pas 3 ou 4 cailloux mal placés qui vont nous forcer à (re)mettre pied à terre.
Euhhhh... en fait, s'ils se mettent à 1'000, finalement peut-être que oui...
Voilà un début de descente qui pourrait rapidement basculer en mode "sans les dents".
Et ce ne sont pas les habiles contorsions de sieur JP sur son Blur qui viendront démentir cet adage cher à nos amis dentistes.
Le chemin de l'épaulement ouest de la Pierre (qu'on vient de Voir) est probablement le tronçon le plus herbeux et accessible de la journée. Malheureusement, aussi le plus court...
Dès le début de la plongée dans la face nord, la musique change.
Le single a plus à voir avec un cours d'eau de montagne, qu'avec un chemin de randonnée pour touristes hollandais adeptes de sensations fortes.
En plus d'être chaque année plus creusé, ce sillon, pardon ce chemin pédestre, est rempli de caillasse instable et glissante. Que du bonheur.
Heureusement, malgré leur forte déclivité, les abords immédiats sont herbeux et rassurants.
Après l'inévitable planchette/coca du Col du Lein, le clou de la fin de journée : le chemin du cimetière, ou comment quitter le paradis pour redescendre sur terre de manière ludique, quoique parfois suffisamment engagée pour envisager un rapide aller-retour...