« L’art et la manière de faire les choses à l’envers ! »
Tel pourrait être le slogan de notre deuxième jour dans le Val Maira. La journée avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices avec l’inédite ascension de la piste menant au Colle Soleglio Bue (Beausoleil), le bien nommé. Mais, ensuite, la descente très « cabossée » en direction du hameau de Chialvetta aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : notre journée allait lentement faire de la place à la sueur et à la frustration.
La remontée vers le « Rifugio de Viviere », d’abord, via son exigeant chemin mal pavé, puis la longue et rugueuse ascension vers le « Passo della Gardetta », sous le terrible cagna de l’après-midi, alternant les laborieux poussages et les pédalages pentus et musclés, nous ont régulièrement mis dans le rouge et forcé à puiser dans nos réserves. Mais, si au moins, la descente finale, sur le « Colle del Preit » puis dans son vallon éponyme, nous avait proposé un « single » récompensant, on aurait probablement oublié les affres la précédant. Eh bien, même pas. Exclusivement en « strade bianche » et en étroites routes goudronnées, ce retour sur Canosio, puis Marmora, nous aura uniquement permis de faire remonter une moyenne horaire particulièrement anémique, en raison de l’état des chemins rencontrés et, surtout, du sens, choisi pour les parcourir.
Au petit jeu du « Va et découvre le pays des autres », on ne peut malheureusement pas toujours gagner, même avec les compétences du meilleur guide.
La rencontre matinale qui aurait pu changer le sens de notre journée : l'ami Jean et ses bons plans.
Au lieu de suivre notre ami d'un jour, en direction du « Colle del Breit », nous choisissons de gravir la piste menant à celui de « Soleglio Bue ».
Sur ce versant adret, tout respire le nom du lieu (Beausoleil) : l'alpage, le col et le sommet principal.
Même les vaches (piémontaises) ont perdu leur couleur à force de trop rester au soleil ?
Même si la piste fait dans le pentu et le broussailleux, elle sinue lascivement à travers les reliefs pommelés en s'élevant par paliers.
Une fois les 2250 mètres franchis, la piste s'arrête pour laisser place à un « single » un peu creusé, mais encore largement « bikable ».
Patrik, notre guide, et son « Flyer » d'emprunt, s'y régale.
A notre arrivée au « Colle Soleglio Bue », nous ne le savons pas encore, mais nous avons probablement déguster la meilleure partie de notre journée.
La descente sur le hameau de « Chialvetta » s'annonce prometteuse ....
... mais elle se révèle rapidement beaucoup plus cassante et exigeante que ne pourrait le laisser penser ce cliché fleuri.
Il faut en permanence lutter, viser et choisir la moins mauvaise ligne, en espérant qu'elle finisse par passer.
Il y est très compliqué de trouver son rythme...
... et d'apprécier la plongée.
Une fois « Grangia Ussiera » atteinte, l'état du chemin s'améliore.
Mais tout y reste encore alléatoire.
Son tracé souvent irrégulier n'est jamais avare d'un nième piège caché.
Il faut rester concentré en permanence et espérer que les rares tronçons roulants continuent à s'enchainer.
Finalement, avec un grosse dose de bonne volonté, on finit par y avancer à un bon rythme.
Mais au prix de beaucoup d'énergie, agrémentée parfois, d'une bonne dose de technique.
Le dernier lacet semble rasé de près. Ce qui indique que nous ne sommes plus très loin d'un hameau ou d'un village.
Bingo ! Voilà le hameau de « Chialvetta ». Après déjà autant de péripéties, il est tant d'envisager quelques « pastas pomodoro » pour reprendre des forces.
Après un début de remontée bien cassant jusqu'à « Grange Calandra », nous attaquons le chemin du « Passo della Gardetta » proprement dit. Chemin qu'à choisi notre ami David, pour effectuer sa descente du jour en « gravel ».
Si l'endroit est idyllique, l'exercice l'est beaucoup moins. Notre chemin d'ascension est plus exigeant qu'il n'y parait et la chaleur de l'après-midi, désormais bien établie.
Nous persistons à nous élever, mais au prix d'une débauche d'énergie de plus en plus folle.
Et dès que le terrain semble devenir plus favorable, il y a toujours une nouvelle moraine pour nous remettre les idées en place et les puls' dans le rouge.
Quand les vieux bunkers de l'armée italiennes sont enfin derrière nous, nous savons que le « Passo » n'est désormais plus très loin.
2437 mètres d'altitude pour quelques fleurs et beaucoup de sueur.
C'est seulement quand nous découvrons le versant Sud du « Passo della Gardetta » que nous comprenons pourquoi il aurait été beaucoup plus judicieux de le rouler en sens inverse...