Dernière étape de notre trilogie haut-valaisanne 2006, le Gredetschtal, au-dessus du célèbre village de Mund, nous a lui aussi réservé quelques surprises, dont la température quasi estivale, ne fut pas la moindre. Alors que toute la façade ouest du continent est arrosée par les pluies d’une succession de dépressions issues des restes du cyclone Gordon, le massif alpin et le Valais en particulier se dorent au soleil d’un été indien, solidement protégés par le souffle infatigable d’un régime de foehn persistant. Durant toute l’ascension vers Mund, il était assez fascinant de voir les nuages chargés d’humidité s’enrouler le long des crêtes en tentant de déborder sans succès des contreforts du versant sud du col du Simplon.
Comme pour ses voisins, le Bietschtal et le Baltschiedertal, l’accès au Gredetschtal se fait via un bisse à partir des hauteurs du versant nord de la vallée du Rhône. En l’occurrence, le Stigwasser, dont le départ se dissimule au cœur même du village de Mund, n’est visiblement pas l’itinéraire privilégié par le randonneurs locaux, qui lui préfèrent probablement la Wyssa ou le chemin pédestre montant depuis Breite Acher. Pratiquement laissé à l’abandon, l’étroit et irrégulier sentier n’est pas évident à rouler. Pourtant une fois parvenu à la source du Stigwasser, sur les bords de la Mundbach, la randonnée prend une toute autre tournure. Des trois vallons de la rive droite du Rhône, le Gredetschtal est probablement celui dont la pente naturelle est la plus modérée. Malgré quelques secteurs où les copieux pourcentages forcent au poussage, son chemin pédestre principal est large et bien adapté à la pratique du VTT. De Stafelbode, à Chiestelli, et jusque bien au-delà des superbes enclos de pierres de Strick, le sentier est une pure merveille à rouler, à la découverte des beautés cachées de l’étroite vallée.
Comme ses deux homologues, le Gredetschtal comportent plusieurs bisses sur chacun de ses deux versants. Pour la descente, mettant en pratique l’adage qui dit qu’on ne change pas un scénario gagnant, nous avons opté pour un second bisse, l’Obersta, taillé dans les apiques de la rive gauche du Gredetschtal. Une fois encore, le choix fut judicieux. L’Obersta ne peut certes par rivaliser avec le somptueux Gorperi Suon du Baltschiedertal, mais n’en reste pas moins un itinéraire de choix pour rejoindre la plaine du Rhône de manière ludique et sympathique.
P.S. Trilogie, fait évidemment référence au chiffre trois. Trois, comme trois vallées, le Bietschtal, le Baltschiedertal et le Gredetschtal, mais aussi, trois, comme trois vélos, le Mountain Cylce Zen, l’Intense Spider et le récent GT I-drive 5.0. En matière de bikes comme en matière de vallées, mes préférences vont vers le deuxième cité.
Le complexe chimique de l'agglomération viègoise n'est déjà plus qu'un lointain souvenir, la rude ascension vers Gstein, puis Mund requiert désormais toute notre attention et tous nos moyens physiques.
A mi-coteau un bisse salvateur vient nous proposer un bref et ludique répit. Proposition adoptée à l'unanimité tant la surprenante chaleur est accablante.
Les nuages gorgés d'humidité tentent inutilement de vaincre la barrière naturelle du col du Simplon. Peine perdue ! Notre foehn salvateur ne daignera pas leurs accorder de passe-droit avant la nuit prochaine, pour notre plus grand bonheur.
Après un douloureux portage, le sentier qui sert aussi de chemin de croix, redevient plus coopératif à l'approche du hameau de Gstein.
Le village de Mund, généralement connu pour sa production de safran, offre ses façades de madriers burinés aux chauds rayons d'un inespéré soleil automnal.
Le Stigwasser, ou plutôt ce qu'il en reste, fera néanmoins office de chemin d'accès au Gredeschtal pour notre rando dominicale.
Une fois qu'ils émergent de la forêt, le sentier et le bisse, mis sous tuyaux, ne font qu'un et offrent des possibilités de rouler beaucoup moins précaires.
Le début de l'ascension le long du Mundbach, n'est pas spécialement aisé, en raison de l'omniprésence de la caillasse.
Montant par paliers, le chemin du Gredeschtal, offre régulièrement la possibilité aux organismes de récupérer.
Le bisse supérieur de Wyssa est maintenant en vue, et atteindre son tracé en pente douce n'est plus qu'une question de minutes et de sueur.
Les derniers coup de pédales avant d'accéder aux faibles déclivités de la piste ne sont pas forcément les plus faciles, mais certainement les plus valorisants.
Le répit offert par le Wyssa ne dure qu'un temps. Une fois à sa source, le chemin, mis à mal par les récents orages, reprend ses méandres dans le vallon qui s'élargit et alterne à nouveau les tronçons aisés avec les tronçons plus exigeants.
Le petit oratoire de Stafelbode n'aurait certainement pas trouvé suffisamment d'arguments pour nous inciter à un petit arrêt, par contre la fontaine contigue et son eau de source, oui, l'insolite chaleur associée aux effets asséchants du foehn ayant passablement mis à mal les réserves d'eau de nos Camelbaks.
Peu après Chiestelli, nous venons buter sur les premiers contreforts marquant le fond du Gredeschtal. L'heure de rebrousser chemin a sonné.
Nous repassons, bien plus vélocément qu'à la montée, devant les splendides enclos de pierres de Strick.
Assez exigeant à l'aller, le chemin du Gredeschtal n'est qu'une simple formalité au retour. Seuls les tronçons ayant nécessité un poussage nécessitent un poil de modération, le reste s'aborde full gaz.
A la hauteur de la source du Stigwasser, cette maginfique passerelle nous offre l'opportunité de changer de rive sans nous mouiller les pieds. Opportunité aussitôt transformée, d'autant que la rive gauche du Mundbach offre un second bisse, l'Obersta, que nous avons bien l'intention de mettre à profit pour regagner la plaine.
Concurrencés par les nombreux chemins pédestres, les bords de l'Obesta sont peu fréquentés et localement délicats à rouler. Rien d'insurmontable, juste de quoi conserver concentration et rigueur de pilotage.
Comme son homologue de la rive gauche du Baltschiedertal, le Gorperi Suon, l'Obersta s'offre régulièrement quelques escapades intra-granitiques.
Petites nuances, par rapport à son cousin de la vallée voisine, ici les galeries sont beaucoup plus longues et par conséquent plus sombres et humides.
Fort heureusement, les courageux ouvriers-mineurs de l'époque ont poussé l'ingéniosité jusqu'à créer localement de petites ouvertures dans la paroi pour donner un peu de lumières aux randonneurs angoissés ou clostrophobes.
A l'approche de la vallée du Rhône, l'Obersta devient plus praticable, tout en restant localement exigeant.
Notre retour vers la plaine s'accompagne aussi du retour vers la chaleur et le souffle chaud du foehn.
Bucolique ! Isn't It ?
Quelques ultimes lacets pour nous extraire définitivement du Gredeschtal et attaquer les tronçons de bisse accrochés au flanc nord de la vallée du Rhône, face au Nantztal.
L'Obersta y est sympathique en diable et incroyablement onctueux à rouler
The Last Mile comme diraient nos amis de Swisscom. En l'occurence point de tronçon stratégique et férocement conservé, juste un long ruban herbeux et bien entretenu qui se déroule suavement sous nos crampons.
La banlieue est de Mund ? Plus simplement, quelques vieux chalets de bois brunis par les ans, érigés sur la rive gauche du Mundbach.
La dégringolade Gstein-Lalden : rien à voir avec les affres de la montée. Le single-track du chemin de croix s'avale bille en tête, surtout que le foehn faiblissant, les méchants nuages commencent à nous cerner de leur masse humide et menaçante.
Viège est rapidement en vue, et comble de bonheur, sera atteint avant les premières gouttes.
Dans la foulée, les dernières difficultés techniques peinent à nous ralentir et sont avalées sans coup férir.