Où aller crapahuter lors d’une brève embellie entre deux perturbations alors que les spécialistes ( Meteorisk et SLF ) annoncent une situation avalancheuse critique, degré 4 sur l’Ouest du Valais et degré 3 à toutes les orientations, dans le reste du Vieux-Pays ?
– Entre le canapé et la TV ?
– Ouaip, ce serait probablement le choix le plus raisonnable, mais après deux semaines de Jeux Olympiques, le mauvais temps permanent de Vancouver agrémenté des commentaires avinés, pardon avisés, des journalistes de la TSR, commencent à friser l’overdose médiatique, même pour le plus fervent des amateurs de sport par procuration.
– A proximité d’un domaine skiable ?
– Pourquoi pas, mais avec des pistes saturées de touristes, l’idée est peu intéressante, voire même carrément risquée, à en juger par les compétences techniques de certains skieurs à la petite semaine.
– En forêt ?
– Oui, mais non. Les risques d’avalanche n’y sont pas forcément plus limités et les possibilités de profiter de l’incroyable couche de peuf dont le ciel nous a, une fois encore, généreusement gratifié, incontestablement plus réduites.
– Bon, mais où alors ?
Et pourquoi pas du côté du Tsa du Touno, au-dessus de St-Luc.
Le Prilet/St-Luc, horaire indécent et froid mordant, as usual.
E 612.813/N 117.582, Mayens de Gillou, 1870 mètres d'altitude : centre géographique du Valais ! Y a vraiment des gens qui ont rien à foutre !
Lever de soleil sur St-Jean...
... mais froid toujours piquant dans les clairières de Poyou.
La partie de cache-cache entre l'ombre et la lumière des différents versants anniviards ne tourne pas vraiment en notre faveur.
L'arrivée au soleil : des sourires qui en disent plus long que tous les mots de la langue française.
L'hôtel Weisshorn a bientôt fini de nous toiser du haut des ses 2'337 mètres.
Ciel echevelé sur le Tsa du Touno.
L'art du raccourci ne s'apprivoise pas toujours facilement avec une couche de neige fraîche aussi importante.
L'idée descente à peaux dans la neige profonde fait rapidement l'unanimité.
Si profonde, qu'elle laisse des traces jusque dans les narines de certains.
Retour sur une trace salvatrice, mais qui n'en finit pas d'hésiter entre montée et descente.
Notre objectif du jour, le Touno.
Ced' notre traceur perso, invente un itinéraire à travers les méandres du vaste alpage de Vijivi...
... qu'évidemment personne ne se risque à quitter.
Les contreforts du lac du Touno rajoutent quelques pourcentages à un profil de rando plutôt modéré jusque là.
Pourcentages aussitôt transformés en pulsations.
Notre traceur en mal d'inspiration.
Quelques minutes d'observation, quelques palabres et l'option Touno, trop risquée, se transforme en col Vijivi.
Un redémarrage en peloton serré.
Le choix de cheminer sur de l'arête du Boudri, dégarnie par le vent, nous semble le plus judicieux.
Reste à trouver son accès dans ce dédale de congères.
Balade au clair de lune ou simple voile de nuages sur un soleil déjà annoncé partant ?
Si l'option paraît sûre...
... elle n'en n'est pas moins de plus en plus exigeante.
Finalement, aux environs des 2'800 mètres, le jour blanc en progression et la traversée d'un large couloir nord au remplissage incertain nous incitent à opter pour un retour sur nos pas.
Le début de la descente est assez délicat, à l'étroit entre corniches aventureuses et zones déneigées.
Et la visibilité de plus en plus aléatoire n'arrange rien à nos affaires.
La couche de fraîche est localement impressionnante.
Si freestyle Ludi avec ses "fats" se rit de telles conditions...
... avec des skis "allumettes", une technique sans failles est recommandée.
La plongée dans le couloir du Chiesso, jugée localement exposée...
... n'arrive pas effacer le sourire sur le visage de full gaz Ced'
Les derniers hectomètres de profonde...
... avant de rejoindre St-Luc via ses pistes balisées.