Chers cousins germains, pardon, excusez ma familiarité, chers cousins germanophones,
Aujourd’hui, c’est vendredi, et ici, dans la partie « hellénique » de la Suisse, le vendredi c’est souvent ski, ou bike, selon la saison.
Qu’est-ce que c’est une saison ?
Ah! Une saison c’est comme votre grisaille quotidienne, mais avec des couleurs en plus, du bleu pour le ciel, du vert pour les pâturages, du carmin ou du fauve pour les fleurs, de l’ocre pour les rochers, du blanc immaculée pour la neige. Une saison, c’est aussi des odeurs, des senteurs, du soleil, des variations de température, des lumières… Non, vous ne voyez pas, bon tant pis, laissez tomber.
Donc, je disais, aujourd’hui, pendant que vous gagniez l’argent nécessaire au fonctionnement de notre grand et beau pays commun, nous sommes allez faire du ski de rando dans une de vos anciennes colonies. Oui, nous nous sommes expatriés dans les Alpes Vaudoises (non, ne riez pas, ça existe vraiment). Alors, je sais, c’est un peu le monde à l’envers, mais les dernières perturbations de la semaine s’étant arrêtées contre le versant nord des Alpes, (versant nord, ça vous parle ? Ca ne m’étonne pas) nous nous sommes munis de notre tout nouveau passeport biométrique, de notre carnet de vaccination dûment mis à jour et même d’un visa journalier de sortie pour aller crapahuter… ( crapahuter … non ce serait trop long à vous expliquer) au-dessus des Plans-sur-Bex.
Il y a dans ce pays de loups (un loup, c’est comme vos chienchiens de compagnie, mais sans collier, sans laisse et sans puce électronique) un col au nom particulièrement bien choisi, le Col des Pauvres. Alors, nous, grecs de la Suisse, forcément, on s’y sent bien. Enfin, on s’y sent surtout bien quand les pentes environnant ce panoramique petit plateau d’altitude sont recouvertes d’une quarantaine de centimètres de neige fraîche et encore quasiment vierge de toutes traces. Du coup, gagné par l’euphorie de la poudre (non, ça n’a rien à voir avec ce que vous croyez), on a encore oublié de penser à vous. Vous, coincés au bureau, à répondre à vos téléphones, à expédier vos mails, à rédiger vos rapports, à…, enfin, à oeuvrer pour rendre votre Suisse encore un peu plus riche. Oui, je sais, c’est ballot, et en plus, on n’a même pas mauvaise conscience.
Mais, chers cousins germanophones, sachez que, même si on oublie parfois (souvent ?) de penser à vous et à votre vertueux travail, on vous aime quand même, et que, si vous décidez, à l’occas’, de venir fainéantiser un peu, loin de l’ombre de vos « vrais » cousins germains, vous serez toujours les bienvenus dans la partie grecophone de la Suisse. On vous y accueillera chaleureusement (non, ne cherchez pas, c’est intraduisible), surtout si vous décidez d’abord d’arrêtez de lire la « Weltwoche », disons, juste pendant quelques mois, le temps qu’elle fasse faillite et, ô conséquence heureuse, que, du coup, vous n’ayez plus à avaler quotidiennement les couleuvres de votre « saint » Christoph adoré et de sa (grosse) clique d’obtus.
Bisous.
Bis Bald.
Vos cousins « welches », un peu grecs mais qui vous aiment quand même.