Repérée la saison passée lors de notre course au Wildstrubel, cette appétissante brochette de faces nord, courant du Daubenhorn au Schneehore nous avait semblé receler quelques belles pentes à skier. Nous avons donc décidé d’enrichir à nouveau la famille (Loretan ?) propriétaire des Gemmibahnen pour aller voir de plus près à quoi ressemblaient les prometteurs versants ombragés du Lämmerengletscher et du Schwarzhorn. Bonne pioche, malgré une semaine de soleil ponctuée par une journée d’hiver quasi estivale, 24° au niveau de la plaine du Rhône, le vaste bassin du Lämmerenboden et le petit massif qui le referme côté sud, avaient su garder quelques beaux pans de neige encore parfaitement skiables.
Moins longue que sa cousine menant au Wild’, moins écrasée de soleil et mieux adaptée au ski, l’ascension du Schwarzhorn est une véritable rando « bonus » au moment où le printemps reprend (trop) rapidement possession de la montagne. Toujours frais, modérément dénivelé (+850 m) et très alpin, son itinéraire est un petit bijou à savoir savourer jusqu’au dernier mètre, aussi bien à la montée qu’à la descente, avant de basculer en mode neige de printemps pour finir une saison déjà bien avancée.
L'habituel petit ressaut de départ...
... qui masque l'immensité glaciale du Lämmerboden.
3/4 d'heure d'horizontalité et une course contre la montre pour échapper à l'ombre congelante du Daubenhorn
Course forcément gagnée avec un tel déluge de soleil matinal.
L'incontournable passage câblé sous les falaises de la Lämmerhütte, version "grecque", on y va et on verra bien, VS l'option "schleue", dominante, si c'est marqué dans le guide, alors on met les couteaux.Résultat : match nul, les deux passent...
Gros détour pour entamer une large banane sur la gauche, en laissant sans regrets derrière nous, l'itinéraire processionné menant au Wildstrubel.
Une trace localement fort inclinée nous amène rapidement au pieds des séracs frontaux du Lämmergletscher.
Quelques glaçons pour ton Camel ?
Non, juste un peu de verticalité en moins, ça irait déjà.
Aïe ! Et en plus la trace commence sérieusement à déverser son étroitesse verglacée.
Couteaux de sortie (la première de la saison) pour une conversion un poil "jockerless".
Une fois le premier ressaut du Lämmergletscher franchi, tout redevient calme et volupté. C'est le moment de jeter un coup d'oeil panoramique sur le Grossstrubel, le Lämmerhorn et le Steghorn.
Calme, volupté ... et immensité. Comme toutes les remontées de glacier, celle du Lämmergletscher ne déroge pas à la règle.
Et la règle justement consiste à prendre son rythme, conserver le regard rivé sur ses spatules et juste penser à faire un pas après l'autre.
Une demi-heure plus tard, le col du Schwarzhorn nous salue...
... avec sa phénoménale fenêtre panoramique courant du Mont-Rose au Mont-Blanc, excusez du peu.
Direction le sommet du Schwarzhorn. Tiens, tiens, je commence à mieux comprendre le pourquoi de son appellation.
Après une étonnante partie de slalom entre ses larges pierriers déneigés nous finissons par atteindre la pointe de la "Corne Noire"
Premier pic-nic sommital de la saison, avec une vue plongeante sur le désormais ridiculement petit Lämmerboden.
Et pendant ce temps-là, l'imposante Lämmerutte et son cortège de randonneurs s'abandonnent aux douceurs d'un printemps avant l'heure.
Un début de descente précautionneux et involontairement sinueux.
Si les secteurs déneigés sont relativement nombreux, ils ont le bon goût d'être bien visibles, contrairement aux rochers affleurants, souvent aussi traîtres qu'effilés.
Retour vers le col du Schwarhorn peu gratifiant sur une neige rare et encore bien verglacée.
Le Lämmergletscher, lui, par contre, nous propose un agréable revêtement peu ou pas transfromé.
Un pur bonheur à carver, malgré le manque de pente.
Petit temps d'observation avant de basculer dans le ressaut garni de séracs.
Repérée lors de la montée, un large couloir latéral nous permet de contourner la zone infranchissable à skis.
Ensuite, quelques traversées avisées nous redonnent régulièrement ...
... accès à de nouvelles pentes à skier.
Hésitations et concertation au moment de dénicher un passage pour franchir les premières barres rocheuses.
Finalement nous choisissons de continuer encore un peu dans notre accueillant couloir...
... jusqu'à ce que quelques traces visiblement "connaisseuses" finissent par nous montrer l'endroit où traverser...
... pour accéder au vertigineux plan incliné plongeant jusqu'au pied de la Lämmerhütte.
Si la pente est superbe, il y est difficile d'assurer ses appuis dans une neige de plus en plus hétérogène.
Euhh, même en schussant, je pense que ça va être compliqué de retraverser le Lämmerboden à la glisse, non ?