A l’heure où le printemps reprend déjà possession de la plaine et de la moyenne montagne, nous tentons de persévérer dans notre saison de ski de rando en gagnant de l’altitude. Au programme de ce radieux vendredi, le Wildstrubel au départ du col de la Gemmi. Le dénivelé, 1’000 mètres, paraît raisonnable, mais l’itinéraire a la réputation d’être long à l’aller … et au retour. Confirmation, ce n’est pas long, c’est interminable ! Des faux-plats à n’en plus finir, des éperons rocheux pour les masquer les uns des autres, et finalement, deux vastes langues glacières séparées par un ressaut abrupt et sans fin. Avec l’incroyable chaleur de ce début mars, +18°C en plaine, +4°C au col de la Gemmi à 2’346 mètres d’altitude, notre menu du jour a été aussi éprouvant que copieux.
Mais au fond, qu’importe les tribulations nécessaires pour mener à bien une telle rando quand on a le bohneur de passer une journée pareillement ensoleillée dans un environnement aussi majestueux et préservé. Odeur de transpiration, stigmates de lunettes et grosse fatigue pour une toute belle sortie au cœur des Alpes Bernoises et de leur relief si spectaculaire.
Le téléphérique de la Gemmibahn : si l'aller-retour ne coûtait pas un bras et si le matériel n'était pas aussi vétuste, les 3 minutes de voyage seraient vraiment sympa, surtout en compagnie de cette grosse dizaine de chiens d'avalanche emmenant leurs maitre(sses) en week-end sur les hauteurs de Loèche-les-Bains.
Après une courte descente verglacée, le Lämmerenboden, morne et interminable plaine de départ d'une rando plus kilométrique que dénivelée.
Le glacial lac d'air froid stagnant au fond de la vaste cuvette aura aussi bien raison de nos mains que du tube de mon Camel.
Le fameux passage du câble sous la barre rocheuse de la Lämmerenhütte : une simple formalité sur une neige déjà bien ramollie par le soleil.
Soleil de mars et douceur en provenance du sud-ouest nous concoctent notre première rando printanière de la saison : les T-Shirts sont enfin de sortie.
A l'approche du Wildtrubelgletscher, le vallon s'évase pour gratifier l'oeil d'un imposant cirque montagneux.
La langue inférieure du glacier cumule étendue désespérante et déclivité anémique. Un cocktail parfait pour mettre à l'épreuve la motivation des randonneurs.
A l'approche du ressaut intermédiaire, la pente finit enfin par s'accentuer, ce qui ne comporte pas que des avantages avec la chaleur désormais bien présente.
La partie supérieure du Wildstrubelgletscher est à peine moins désespérante que sa soeur du bas. Elle est juste mieux ventilée et forcément plus proche du Mittlerer Gipfel, notre but du jour.
Le début de la descente propose un subtil patchwork de neige soufflée traîtresse et de neige redurcie. Le but du jeu consiste simplement à deviner où effectuer ses virages.
Avec un peu de concentration et d'observation on arrive finalement très bien à tracer une descente agréable et viable pour nos jambes fatiguées.
Cette longue transition sous l'éperon rocheux qui coupe le glacier en deux est sensée nous emmener vers des pentes recouvertes de neige mieux préservée.
Et, de fait, nous retrouvons rapidement quelques pans en pleine transformation, mais encore parfaitement skiables...
... que la perspective d'un premier faux-plat nous oblige à écourter pour reprendre de la vitesse.
Tout schuss dans les traces redurcies avec, en tête, l'espoir d'éviter un éprouvant skating à la Dario Cologna.
Pour cette fois, l'étroit goulet d'un improbable petit torrent alpin nous épargnera cet épuisant exercice.
Le manteau neigeux du retour à flanc sous la Lämmerenhütte est déjà très transformé et notre glisse de plus en plus aléatoire.
Le court verrou "du câble" est avalé sans souci sur une neige de plus en plus radoucie.
Lämmerenboden, morne et interminable plaine. Des qualificatifs encore plus d'actualité pour la traversée retour.
Comme nous avons remis les peaux pour couper court à l'option skating, la courte remontée finale s'engage (presque) sur l'élan.