Avec la partie occidentale des Alpes valaisannes squattée par les forçats du Grand Raid et la moyenne montagne colonisée par la canicule, la tentation était grande de changer de massif et de s’élever pour aller « rider » sans efforts dans la (relative) fraîcheur des sommets. L’occasion faisant le larron, direction les « Bernoises », en profitant de la récente ouverture aux VTT du secteur de la Plaine-Morte, pour nous extraire de la moiteur étouffante des vallées et aller tâter de la caillasse « teutonne » du côté du Wisshore.
Météo de carte postale pour une journée de bike mémorable. Deux ou trois kilomètres de caillasse et de névé, suivis de quelques hectomètres d’ascension donnant accès à 2’500 mètres de dénivelé négatif. Du Wisshorelücke à la plaine du Rhône, sans donner un coup de pédale (ou presque). Avec, en prime, le sourire accueillant et les bons conseils des employés des remontées mécaniques de Crans-Montana-Aminona SA. J’ai suffisamment dénoncé, par le passé, les travers des différentes instances touristiques du Haut-Plateau, pour relever aujourd’hui la remarquable et radieuse motivation qui semble désormais les animer, pour le plus grand plaisir des randonneurs et des bikers.
Comme quoi, on ne devrait jamais dire jamais.
La montée au paradis est aujourd'hui... bordée de filets.
Et pour l'atteindre plus rapidement, toutes les méthodes sont bonnes.
Je ne savais pas que le paradis était sur la lune...
... et qu'on y croisait des martiens sur des montures d'un autre siècle.
Le petit glacier de la Plaine-Morte. Bientôt plus qu'un souvenir ?
Direction le Wisshorelücke, juste en face de nous, au pied des bâtiments de l'armée suisse.
Alors Simi, t'es prêt pour un nouveau record de vol ?
Chaque replat à traverser coïncide avec un nouvel amas de caillasse à gérer.
La gravité lunaire, expliquée au nuls.
Tiens, sur notre satellite péréféré aussi, on s'amuse à ériger de petits cairns pour baliser les chemins.
Bon, trève de plaisanterie. Si on pédalait un peu pour se rapprocher de ce Wisshorelücke.
En évitant d'écraser les splendides touffes de linaires des Alpes qui bordent notre chemin.
Oh, oh, les choses se corsent, comme disent nos bouillants amis de l'île de beauté.
A l'impossible nul n'est tenu...
... mais ce n'est pas interdit d'essayer.
De plus en plus à l'Ouest.(Au sens géographique du terme s'entend !)
Les voies du Wisshorelücke sont impénétrables ... mais surtout humides pour les pieds.
Un petit stage de crampons sur glace, ça vous dit ?
Et une brève initiation de grimpe à un bras ?
Un névé plus tard, la Wildstrubelhütte est déjà en vue.
Pas de concours de ciel bleu pour aujourd'hui.A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Avec tout ce "gravier", je me disais bien qu'on avait franchi le Roestigraben sans s'en apercevoir.
Quand les mots deviennent futiles ...
... c'est que les images parlent d'elles-même.
Braque !
Les Rawylseeleni : trois petites tâches turquoises au royaume de la minéralité.
Un camaïeu d'ocres et de jaunes sur fond vert. Quand relief et altitude tiennent le pinceau, le tableau est forcément un chef-d'oeuvre.
Et là, tu la sens la force de gravité lunaire ?
Certains l'appellent Oberland, d'autre le Pays d'En-Haut.
Quand le vert gagne, c'est que l'altitude décline.(Rien à voir avec l'AS St-Etienne).
On sait d'où on vient et, en plus, on sait aussi où on va.
Sauf que notre chemin est soudain moins conciliant que prévu.
Ici, même les Hérens semblent connaitre la barrière des langues.
Le poste frontière de la ligne de partage des eaux.
Bon, on allait quand même pas expédier nos gouttes de sueur vers la Mer du Nord.
Direction le Vieux-Pays, via le magistral chemin du Plan des Roses.
Quand douceur de vivre et paysage sont à l'unisson...
... c'est que la délicieuse République héllénique n'est pas loin.(Traduction pour nos cousins germains : Welches Griechenland)
Voilà déjà le port du Péloponnèse.
La montagne bleue... aussi appelée Six des Eaux Froides, ou encore Rawylhorn en "non-grec".
Autre Sex (Six?), celui des Molettes. Et je vous épargne la version "non-grec", par compassion pour votre gorge.
La Mer Egée ?Ah, non, le lac de Zeuzier.
Trop fastoche, il suffit de suivre le fil bleu.
Soleil de plomb et grande bleu... Un petit plongeon ?
Carte postale ? Ah non, merde, y a un nuage !
Tiens, tiens, plus de fil bleu.
Juste un étroit ruban de terre accroché aux parois d'une gorge profonde, très profonde.
Le bisse d'Ayent, tout un savoir-faire de pentes douces au royaume de la verticalité.
Alors, cette canicule, tu commences à la ressentir ?Peux pas répondre, j'ai la bouche désséchée.
Lens Down Town : un filet d'eau fraîche dans un monde désormais étouffant de chaleur.