Troisième jour d’Ardennes belges. Encore un itinéraire en « ON », encore une météo radieuse et encore des températures hors-normes. Décidément, il doit y avoir un gros bug, genre Niño ou Niña, quelque part au-dessus de l’Atlantique Nord. Pas grave, les trois K-Ways prévus pour nos trois jours de bike belge resteront au fond de la valise. Malgré ce beau temps inédit, au fil des jours, nos troupes s’effilochent. Syndrome du lundi (au soleil), visites de courtoisie ou reprise du taf, peu importe les raisons, les absents ont souvent tort et les fidèles qui sont au rendez-vous de Bouillon pour poursuivre vers la frontière encore « Hollandaise » pour quelques mois, auront la chance de découvrir la fin du superbe itinéraire interrompu, hier soir, par la nuit tombante.
Le démarrage tout en douceur, le long des rives de la Semois, ne dure que le temps d’en admirer deux méandres paresseux supplémentaires. Au détour du premier vallon ombrageux croisé, une des nombreuses côtes de notre grosse demi-journée en selle, réchauffe instantanément nos mollets déjà mis à mal par les sorties des jours précédents. Court poussage en lacets montants suivi d’une habituelle replongées vers les eaux encore endormies de Dame Semois.Si l’art du tricot consiste à enchaîner les mailles à l’endroit et les mailles à l’envers, l’art du bike dans les Ardennes consiste, lui, à mettre bout-à-bout, de brefs (ou moins brefs) tronçons ascendants avec leurs cousins germains, descendants. Au final, plus qu’un simple chandail détendu avant d’avoir été porté, l’art de rouler « à la Belge » repose sur le concept de savoir passer, en permanence, de la selle en position haute, à la selle en position basse et de la suspension ouverte à la suspension fermée, à chaque détour de chemin ou de piste forestière.