A force d’empiler les millimètres d’eau et/ou, ses alter-egos, les centimètres de neige, sans discontinuer depuis maintenant pratiquement deux mois, cet hiver 2017/2018 nous prive d’un élément essentiel à la pratique du ski de rando : quelques jours de soleil consécutifs permettant au manteau neigeux de se stabiliser et aux randonneurs d’en profiter, à peu près en sécurité. Pour s’en convaincre, il suffit de croiser les informations du site « SLF » avec celles de l’incontournable carnet de courses en ligne de « CamptoCamp ». Les comptes-rendus de sorties du second sont inversement proportionnelles aux impressionnantes, voire localement historiques, précipitations neigeuses répertoriées, depuis le début de l’hiver, sur le premier.
Alors, quand Dame Météo annonce trois journées consécutives et ensoleillées se combinant enfin avec un week-end, les projets de « peaux » se remettent à éclore comme des larves d’insected restées trop longtemps confinées dans leur cocon par le mauvais temps persistant.
Mais où donc aller crapahuter, sachant que les pluies successives ont ravagé le moelleux manteau neigeux de début décembre jusqu’aux alentours des 2’200/2’300 mètres et que, au-dessus de cette limite, les accumulations de neige sont localement phénoménales ?
C’est alors qu’il faut parfois savoir faire appel à ses souvenirs et se remémorer ces randos d’initiation devenues « processionnaires » en raison de leur facilité d’accès, de leur point de départ élevé ou de leur sécurité jugée au-dessus de la moyenne. La Combe de Drône et ses incontournables « Telliers » en sont le parfait exemple : désormais boudées car « sur fréquentées », mais pourtant appréciables, et appréciées, lorsque des conditions « exceptionnelles » vous privent d’un terrain de jeu potentiellement plus valorisant.
Pourtant, la Dent du Grand Lé, c’est souvent une bonne idée !
Le parking du Super désert, c'est une première. Par contre du côté des températures, on est dans les normes. Ca caille velu.
Première indication de l'épaisseur du manteau neigeux : s'extraire du parking. Pas de doutes, va y avoir de quoi faire.
La route de l'Hospice : rendez-vous matinal en terre connue, ventilée et souvent glaciale.
Le changement de rive de la jeune Dranse ne change rien à l'affaire : ombre, froidure et vent dans le cornet restent notre pain du matin.
Voiture ou rocher ? Vous ne le saurez que quand vous aurez fini de dégager...
Au cas où on aurait oublié qu'on était en année patrouille...
... le premier ressaut de la combe de Drône se charge de nous le rappeler en moins de trois traversées doublement calées et bien pulsées.
Comme entrée en matière, y a mieux. Mais comme (r)échauffement, c'est parfait. 100 mètres gagnés pour 10 degrés récupérés (sous la polaire).
Pas de trace pour les Monts Telliers ? Pas grave, celle menant à la Dent du Grand Lé semblait n'attendre que nos spatules.
Ca doit être vachement intéressant ce que tu dis, mais, pour l'instant, j'ai juste envie de décéder.
Sangle de l'AirBag bien fixée, mais conditions beaucoup moins craignos qu'envisagées. Le cycle gel/dégel de la semaine passée a bien stabilisé l'épaisse sous-couche.
Bonjour la famille Chamois. Bougez pas, on ne fait que passer.
Les premiers pics de l'arête Ouest menant à la Dent pointent rapidement leurs silhouettes dentelées.
De crêtes en crêtes tout le monde finit par s'élever, à son rythme.
A prêter contre bons soins et quelques pintes de rouge, traceur infatigable et toujours motivé.
Des "zig" bien dessinés et des "Zag" accrochés aux pieds.
Blanc désir : le vent nous portera ... ou pas.
La pente finale, de plus en plus raide, mais surtout de plus en plus verglacée.
Option sécure, première sortie à droite.
Pour 20 malheureux mètres, le sommet ne nous verra pas.
Epaulement très ventilé pour une photo sommitale vite expédiée.
La célèbre Jazz du Domaine du Grand St Bernard, (presque) de retour chez elle.
C'est pas qu'on soit spécialement pressé de plonger, mais juste qu'on en a marre d'être décoiffé.
Vingt centimètres de neige fraîche et légère sur un fond bien compact. Y a pire dans une vie de randonneur des cimes.
Du flocon léger, éparpillé façon puzzle. Avec de telles conditions, forcément, ça flingue à tout va.
Enfin surtout quand t'as pas des Movement aux pieds. Parce sinon, faut d'abord "déchoconner" avant de penser à carver....
Quand le zigzag de l'ascension s'efface sous les dentelles brodées de la descente, c'est que l'art de la couture confine au sublime.
Iki glissent enfin tes foutus skis ?
Les fameux pourcentages qui nous avaient fait suer à la montée, dévalés quasiment en apnée.
Il suffit parfois d'un simple retournement (de spatules) pour voir la vie et ses difficultés sous un jour totalement différent.
Quatre traces, une de montée et trois de descentes, pour une Dent plus vraiment vierge.
Du bleu, du blanc ... et du gratifiant.
De combes en pans, Dame Céline retrouve sérénité et allant.
L'inexorable appel de la gravité et de l'ombre.
Bye bye, Grand Lé ! Welcome back to Combre de Drône
De bleu, de bleu, de la pointe des spatules jusqu'au sommet des cheveux.
Et si on tentait la rive gauche. Histoire de voir ce qui s'y cache.
Excellente pioche ! La neige y a été bien moins plaquée par le vent que sur la rive opposée.
Et, en visant bien, y a moyen de carver jusqu'à la Pierre (l'alpage, pas le minéral).
Même Céline finit par retraverser le torrent de Drône, encouragée par nos cris de joie.
La prépa' du schuss final.
Encore raté ! Ce n'est toujours pas cette année que nous ressortirons du lit de la Dranse sans avoir à pousser.