Vous connaissez certainement le syndrome de « procrastination » qui consiste à reporter à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui. En revanche, vous ne connaissez peut-être pas son alter ego inverse, le syndrome de « précrastrination », aussi appelé syndrome « du tout, tout de suite ». Aucune de ces deux pathologies n’est réellement souhaitable. Pourtant, avec le changement climatique, la « précastrination » devient de plus en plus justifiée en matière de ski de randonnée.
En effet, alors qu’on avait la prudente habitude de ne jamais sortir immédiatement au lendemain d’un nouvelle chute de neige, avec la météo 2.0 qu’induit désormais le changement climatique, il faut désormais savoir « précrastiner » pour augmenter les chances de « bon ski » après le passage d’une perturbation. Attendre, même un seul jour, c’est prendre le risque de voir le manteau neigeux imbibé par la remontée de la pluie, tapé par un vent de plus en plus présent ou pire, cartonné par les rapides cycles de redoux/regel.
Du coup, deuxième perturbation neigeuse de l’année ou pas, direction la célèbre Combe de Drône, pour valider cette option « in situ » et « in tempore ».
Si notre diagnostic était plutôt bien posé, les symptômes se sont finalement révélés plus aigus que prévu. On aurait probablement dû « précastriner » encore plus. En effet, si la couche de « fraîche » était bien au rendez-vous, 50 bons centimètres au garrot, sa consistance était déjà en phase d’alourdissement rapide, et pas seulement en raison de l’orientation du versant escaladé. Du coup, notre descente s’est révélée très exigeante, et surtout, peu compatible avec nos jambes de début de saison.