Erbio, Villetta, Tsa Cretta, Gréféric, Ossona, Cambioula, Riva, autant de lieux-dits qui fleurent bon l’escapade transalpine, mais qui pourtant se nichent quelque part sur ou au bas des flancs escarpés de la vallée d’Hérens. Envisagée comme une petite rando de moyenne altitude sur les versants de la rive droite de la Borgne, cette sortie s’est finalement transformée, au fil des heures et des kilomètres, en une longue et étonnante découverte du potentiel de sentiers disponibles dans la partie avale de cette longue vallée du Valais Central. Si la montée vers Nax, puis les transitions vers Vernamiège et Mase nous étaient connues, la suite de l’itinéraire nous emmènera de surprises en sueurs sur des single-tracks tantôt harmonieux et roulants, tantôt cassants et vertigineux, mais généralement très bien entretenus et balisés, voire même carrément didactique comme le prestigieux « Maurice Zermatten » face aux célèbres pyramides d’Euseigne.
Evidemment sur les 40 kilomètres que comptera en définitive notre itinéraire, il s’est forcément trouvé quelques tronçons plus incertains, flous ou invisibles, qui nous ont valu qui, un court intermède de jardinage, qui, un bain de pieds dans les eaux glaciales du tumultueux torrent de la Manna ou qui encore, quelques « bienfaisantes » piqûres d’orties très envahissantes. Le point d’orgue de cette superbe rando sera donné par le parcours intégral du sinueux et parfois vertigineux single-track qui court le long des parois abruptes des gorges de la Borgne, entre Euseigne et Bramois. Un sentier trois étoiles sur l’échelle du VTT alpin, à consommer avec délectation mais surtout modération, vu son potentiel touristique, son tracé interminable et son gabarit réduit. Nous avons eu la chance d’y faire un crochet en ce dimanche de mai, en dehors de la saison touristique et avec une météo mitigée. Il me semble, par contre, beaucoup plus déraisonnable d’y jeter son bike par un week-end ensoleillé de juillet ou d’août.
Brouillard tenace et météo incertaine : deux symptômes caractéristiques d’un dimanche de printemps. Le remède habituel se nomme Valais Central. Son micro-climat est souvent gage d’un beau temps prolongé de quelques heures, souvent juste assez pour envisager une rando au sec.
800 mètres de dénivelé et quelques gouttes de sueur plus tard, nous voici déjà sur le superbe Chemin de Croix permettant de transiter de Nax sur Vernamiège en évitant les affres du bitume.
Après un second Chemin de Croix qui nous permet d’accéder aux Mayens de Mase, suivi d’un bref, mais apprécié, casse-dalle, nous abordons les premiers hectomètres de la descente en direction du village de Mase.
Le chemin principal est assez large et plutôt fastoche. Les seuls véritables obstacles qui retardent notre descente, sont les enclos des nombreux parcs à bétail qu’il faut à chaque fois ouvrir, puis refermer après notre passage.
La traversée du village de Mase ne met pas en péril notre légendaire sens de l’orientation. Se perdre dans les 2 ruelles principales du petit village tiendrait vraiment de l’exploit... Je pense que même PA s’en sortirait .... Enfin, PA, finalement non, peut-être pas. ;o))
A Mase, nous optons pour une « directissime », destination le fond de l’étroite vallée, via les pâturages accrochés sous les dernières maisons du village, face à Hérémence et au Val des Dix
Le moment de traverser le torrent tout proche n’est pas encore venu. Nous continuons notre dégringolade. Le sentier est de moins en moins entretenu, mais demeure roulable à condition d’aimer « bouffer » de la poussière.
Les lacets s’enchaînent comme les mailles d’un tricot qui se défait lentement sur notre passage.
Les superbes murs de pierres témoignent d’une époque où ce sentier était quotidiennement emprunté par les habitants de ce versant de la vallée. Aujourd’hui relégué au seul service des bergers de moutons et de leurs troupeaux, il reste néanmoins parfaitement adapté pour une descente à VTT.
Au lieu joliment dit « Le Clopette », nous choisissons de partir vers le fond du vallon pour éviter de finir notre descente sur les infranchissables falaises campées en fond de coteau, au-dessus des eaux de la Borgne.
Après quelques hésitations, un OTB, puis 2-3 choix plus ou moins bien inspirés, nous finissons par trancher dans le vif : traverser le torrent de la Manna pour récupérer le chemin de l’autre rive. La carte de l’Office Fédéral de Tographie ne mentionnait pas de passerelle à cet endroit. Je confirme : bien vu les gars, le seul moyen pour franchir les eaux tumultueuses et glaciales de cet affluent de la Borgne est de faire preuve d'un peu de bonne volonté.
La rive gauche du torrent de la Manna n’est pas beaucoup plus accueillante que celle que nous venons de quitter. Quelques traces de moutons, un mazot abandonné et de vastes champs d’orties biens fraîches, ravies de faire connaissances avec nos musculeux mollets.
A Ossona-dessous (j’suis pas sûr que les autochtones connaissent ;o)), changement de cap. Le sentier didactique Maurice Zermatten, du nom du plus célèbre écrivain de la région, accueille nos crampons aiguisés pour nous emmener résolument plein Nord.
Le « Maurice Zermatten » est étroit, parfois vertigineux, mais parfaitement ludique et super gratifiant. 3 étoiles au guide Alpavista.
L’entrée dans la forêt annonce notre arrivée prochaîne à Cambioula, au fond de l’étroite vallée.
Les derniers méandres du sentier didactique nous offrent un point de vue remarquable sur le village d’Euseigne et ses fameuses pyramides
Les derniers hectomètres du sentier sont un véritable dessert : les langoureux lacets ondulant à l’ombre de hauts sapins nous entrainent dans une folle farandole de glissades harmonieuses et jouissives.
Retour vers la vallée du Rhône. Le début du chemin est un véritable boulevard, large, roulant et à faible déclivité. De quoi redonner un peu de couleurs à notre moyenne horaire anémique