Nom : Yeti
Prénom : Five Seven Five
Lieu de naissance : Durango (CO)
Profession : Mountain Bike
Spécialité : All-Mountain
Nickname : Raven Killer.
Issu des meilleurs élevages des Montagnes Rocheuses, un jeune Yeti au pelage immaculé, très judicieusement prénommé 575, débarqua par un orageux matin de juin dans une lointaine contrée montagneuse. En provenance directe des confins du Colorado, le jeune animal se retrouva immédiatement à son aise dans cet environnement somme toute assez semblable à celui de son lieu de naissance.
Parti avec son cornac occasionnel pour une courte balade d’essai, le fier bi roues de Durango, se retrouva bien malgré lui, embarqué dans une folle aventure au fin fond d’une vallée reculée, abrupte et sauvage de laquelle il ne ressortit finalement qu’au prix d’efforts et d’acrobaties insensées, dont jamais ses concepteurs ne lui avaient parlé et dont lui-même n’aurait probablement jamais soupçonné l’existence avant cet inattendu vendredi.
Moho Slix, le mulet d’Oregon qui l’accompagnait pour l’occasion, ouvrait la voie, lui aussi parfaitement à son aise dans cet environnement forestier.
Ravi de pouvoir enfin détendre ses crampons agiles hors du ruban de bitume surchauffé, 575 s’engagea avec enthousiasme sur ce sympathique chemin ombragé.
Malgré quelques appréhensions bien compréhensibles face à la verticalité de plus en plus omniprésente, 575 ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller bruyamment devant la somme de beautés naturelles qui défilaient devant ses larges yeux ébahis.
Graduellement, la singulière équipée s’avança dans l’étroite gorge en laissant derrière elle, la douce quiétude de la large vallée principale.
D’abord échaudé à la vue des eaux tumultueuses et glaciales du Jolibach, 575 s’enhardit finalement pour traverser le bruyant torrent grâce au petit pont de bois grinçant sous ses roues.
Comme un ultime répit avant les falaises, un sympathique pâturage herbeux dans lequel l’étroit sentier se mit à folâtrer comme un jeune animal émoustillé par l’arrivée du printemps offrit ses douces courbes au roues de la petite équipée. 575 crut même entendre un terme qui lui était familier : single-track.
Moho Slix, qui l’avait précédé dans la singulière ascension s’ébrouait déjà dans le petit herbage en l’attendant.
Le point de vue était splendide et 575 aurait bien profité encore quelques instants de la vue imprenable sur la haute chaîne de montagne bordant la rive sud de la vallée, mais il ne fit pourtant pas de difficultés particulières lorsque son cavalier le dirigea droit vers la pente.
Etonné mais finalement ravi de pouvoir lui aussi s’engager dans l’enivrante descente, Moho Slix se fit un plaisir de courser 575 vers le fond de la vallée.
Un single-track furtif guida momentanément la dégringolade de l’étonnante expédition, mais bien souvent, les bikes et leurs cavaliers coupaient au plus court, droit dans la pente entre les jeunes pins rampants.
L’environnement encore herbeux, devint pourtant rapidement hostile et dépouillé.
Comme tout bon mulet d’Oregon, Moho Slix ne pouvait s’empêcher de brouter au passage les appétissantes touffes d’herbages odorantes et croquantes.
575 n’en fut nullement déstabilisé, d’autant que son cornac du jour, le dirigeait avec adresse et dextérité
Pourtant un second sentier, tout aussi furtif que le premier, s’insinua entre les différentes lignes de barrières métalliques, profitant de chaque ouverture pour perdre quelques mètres de dénivelé.
Malheureusement, malgré toute la bonne volonté de la petite troupe, la déclivité devint trop importante et tous les pseudo sentiers se perdirent l’un après l’autre dans le chaos des paravalanches. Les courageux mais inconscients cornacs en furent réduit à escalader une à une les innombrables barrières métalliques pour pouvoir poursuivre leur descente vers la vallée. 575 et Moho Slix furent alors, bien malgré eux, embarqués dans un étonnant ballet aérien passant de bras en bras, de bas en haut, puis de haut en bas dans une suite d’invraisemblables manutentions.
Finalement, après quelques douloureuses contorsions et une somme non négligeable d’émotions, toute la joyeuse petite troupe put se désaltérer au lieu-dit Rarnerchumma. C’est là qu’un single-track plus déterminé et moins furtif que les précédents les invita à rejoindre Niedergesteln.
N’écoutant que son coeur et accessoirement les ordres précis de son cavalier, 575 s’y engouffra avec avidité, bien décidé à se remettre de ses précédentes émotions par un exercice dont il est plus coutumier.
C’est alors que l’orage annoncé décida de fondre sur la courageuse expédition.. Les cavaliers redoublèrent d’adresse et d’attention pour diriger de main de maître Moho Slix et 575 à travers les pièges des roches acérées, humides et glissantes et les ramener à bon port.
L’arrivée dans la plaine du Rhône fut l’occasion d’une dernière course poursuite dans les premières bourrasques de l’orage : les deux bikes orego-californiens retrouvèrent sur leur route deux quadrupèdes valaisans bien décidés à ne pas s’en laisser compter. Il fallut toute la bravoure des cornacs pour forcer les fières bêtes locales à laisser le passage à leurs homologues d’outre-Atlantique.