Deux cols, de la neige, du soleil, une joyeuse troupe bigarrée et l’idée commune de relier Dorénaz à Ovronnaz à ski. Encore une grande et belle journée d’hiver, beaucoup de dénivelé, beaucoup de transitions à flanc, du portage, du « poussage » et quelques rares descentes susceptibles de venir récompenser une belle débauche d’énergie. Qu’importe, le bonheur de la « peau » tient tout autant dans l’effort physique et la bonne humeur communicative que dans la griserie de descentes gratifiantes mais souvent hypothétiques.
Démarrage en téléphérique depuis Dorénaz, dans la glaciale froidure d’un petit matin dominical, à l’heure où l’idée de rester encore un peu sous la couette en effleure souvent plus d’un. Retour en plaine dans la précoce nuit d’un dimanche soir de décembre au moment où les skieurs-payeurs du week-end s’empilent sur la A9 pour regagner en rangs serrés leur couvercle de status hivernal. Entre ces deux « nuits » trop rapprochées, quelques heures à défier la pente, à braver un vent d’Est tempétueux, à tenter de glisser encore une combe ou une crête plus loin, mais surtout à profiter d’un soleil indéfectible et d’un environnement superbe encore magnifié par sa parure hivernale.
A l'Ouest rien de nouveau ! Un plateau et du stratus.
Pendant ce temps un nouveau jour ensoleillé se lève sur 'Sunland'
Le froid est mordant, la pente conséquente et la neige gelée. L'histoire des 800 premiers mètres de denivelé résumée en trois phrases.
Et quand tout le monde semble s'être fait une raison, le tracé du chemin s'ingénie à briser l'abnégation générale à coups de lacets sournois et de ressauts complètement verglacés.
Au moment de s'extraire de l'interminable forêt d'Alesse, quelques témoins des précédents réchauffements du manteau neigeux se rappellent à notre souvenir.
Le vallon de Van, le Salantin et les Dents du Midi baignent déjà dans les rayons du soleil matinal, pendant que nous bravons toujours la froidure d'un versant mal exposé.
Alpage de Malève : juste avant l'arrivée du soleil, le froid se fait de plus en plus mordant.
La remontée de la combe de l'Au d'Alesse : partie de cache-cache avec les très attendus premiers rayons de l'astre du jour.
Deuxième écueil de la journée, la traversée vers le Portail de Fully.
Une épaisse couche de neige sans adhérence et un dévers conséquent pour une trace qui fuit sous les skis à chaque pas.
Unique solution raisonnable : déchausser pour tenter d'atteindre la crête à pieds.
Le soulagement de s'extraire d'une face épuisante et exposée se lit immédiatement sur les visages.
La montée vers la Tête du Portail avec les skis sur le sacs et en visant l'itinéraire le mieux déneigé.
Le panorama est somptueux, mais l'effort conséquent et les conditions très venteuses peu propices à sa contemplation.
L'arête du Demècre, en regardant vers le Nord....
.. ou vers le Sud est un prodigieux balcon naturel.
Le cirque naturel de Sorniot, la Montagne de Fully.
Début de descente rocailleux et pédestre ou publicité déguisée pour une marque de skis autrichiens ?
A la première brèche nous rechaussons pour attaquer la longue traversée descendante vers le lac Supérieur.
Descendante n'est peut-être pas l'adjectif le mieux choisi pour qualifier cette transition. Le Chavalard, témoin privilégié de nos efforts de 'poussage' peut en témoigner.
Pousser n'est heureusement pas incompatible avec contempler.
Et quand le poussage n'est plus possible, il reste toujours l'option du portage.
L'arrivée au lac supérieur : un grand moment de bonheur et d'humilité, le col du Fenestral, prochaine étape, nous défie déjà du haut de ses 2'450 mètres.
Frugale collation 'on the rocks' avant de remettre les peaux pour rattaquer notre marche en avant.
Le chemin le plus court entre deux points est la ligne droite, même s'il y a un lac entre eux.
Le Creux de la Margote : l'appellation locale est peut-être douteuse, mais la pente de notre deuxième ascension bien réelle....
..... qu'une trace bien choisie rend tout de même moins ardue à vaincre. Merci Matthieu !
Une petite heure d'effort et la cabane du Fenestral est en vue.
Les dernières conversions dans la pente de plus en plus raide.
Le chemin qui nous sépare de l'arrière-garde improsivée semble maintenant bien conséquent.
Coup de clairon obligatoire pour rassembler les troupes copieusement sustentées par la longue pause à la cabane du Fenestral.
Plongée hésitante dans l'ombre du versant nord du col du Fenestral.
Au menu, un panel complet des types de neige que l'on peut trouver dans les Alpes après plusieurs jours sans nouvelles précipitations : neige durcie, gelée, croûtée, ventée et plus rarement, encore poudreuse.
Nouvelle transition à flanc sur les contreforts du Grand-Château pour éviter la remise de peaux nécessaire pour s'extraire de la profonde cuvette du Grand Pré.
Une fois n'est pas coutume, la dernière ascension de la journée est aussi la plus aisée. Merci au responsable du tire-fesses du Petit-Pré.