Ce ne sont que quelques voyelles et consonnes gutturales jetées au vent comme un cri primal. Ce n’est pas véritablement une montagne, ni même une pointe, juste un mamelon posé au bord d’un apic. Ce n’est déjà plus le Valais romand. Ce n’est pas encore vraiment le Haut-Valais. C’est quelque part sur les rives de la Raspille, ou plus précisément de la Pauja, ce torrent germanophone qui en unissant ses eaux à celles de la Tièche, lui donne réellement naissance. Son altitude, 2’495 mètres, est à peine intéressante d’être évoquée. Ses grands frères et voisins immédiats, le Nuseyorn, le Trubelstock, le Tschajetuhorn, sont presque aussi méconnus que lui. Finalement, le Gitzitotz, ce n’est presque rien… mis à part une des plus belles randos qu’il m’a été donnée d’entreprendre depuis trois hivers.
Suite à un rapide survol des récentes sorties locales répertoriées sur CampToCamp , l’idée d’aller crapahuter, skis aux pieds, du côté de la « bikissime » région de Varneralp, s’est petit à petit insinuée dans notre esprit durant la semaine. Retrouver ces profondes forêts de pins, ces hautes clairières parsemées de mélèzes tordus par leur lutte incessante contre les éléments ou ces vastes plateaux d’altitude bordés de falaises emmaillotés dans leurs somptueuses parures hivernales et sous un ciel enfin résolument bleu a été un plaisir incommensurable, que même la température glaciale et le dénivelé plus conséquent qu’envisagé n’ont par réussi à ternir.
Chronique d’une froide mais époustouflante journée de février quelque part, entre ciel, soleil et neige…
PS. Je viens de découvrir que le Gitzitotz, situé sur la frontière des langues, avait logiquement aussi une appellation francophone : le Tone de Varone.
8h45, ou 9 heures moins 15(°C), quelque part au-dessus du village de Cordona.
Le radieux soleil de février est rapidement au rendez-vous ... de la cime des arbres.
Comme souvent, une ascension forestière, c'est avant tout, des conversions...
... des raidillons verglacés...
... et quelques clairières plus hospitalières.
Couvinir ou l'art d'utiliser une nature mise à mal pour jauger la belle épaisseur du manteau neigeux.
Les vastes pâturages déboisés de Chateaunié nous réconcilient définitivement avec les rayons de l'astre du jour.
Pas évident de retrouver certains chalets d'alpage.
D'ombragée, forestière et exigeante, notre ascension devient peu à peu lumineuse, dégagée et ... toujours exigeante.
Pour les champignons, tu ne crois pas que c'est un peu tôt ?
Du haut de ses abruptes falaises granitiques, le Gitzitotz se rit de notre lente approche.
Le célèbre chalet de Nüschelet : autre saison, autres jouets.
Qui qui joue à toit perché ?
Une demi banane, quelques gorgées de thé, avant un retour aux affaires très motivé.
Le panorama gagne en majesté au même rythme que l'altitude.
Le Trubelstock dominant le superbe cirque naturel de Chumme.
Murmiltangil, ou quand notre ascension n'en finit plus de se transformer en petites descentes.
Tout le charme du dédale de reliefs pommelés...
... et des vastes étendues blanches de Chumme.
La ligne d'horizon vers le sud est à couper le souffle... et pas que la ligne d'horizon d'ailleurs...
Une arrivée au sommet en descente. Mmmmh, ça sent le piège.
Oh hisse !
Panoramissime !
Une début de descente ... en montée et avec les peaux. C'était ça le piège !
Un petit quart d'heure pour retourner sur nos pas à la recherche d'un profil enfin descendant.
Côté T-shirt, ça s'améliore pas...
Premier pic-nique de la saison dans l'air à peine moins glacial d'une crête ensoleillée.
Le début de la "vraie" descente : une succession de schuss pour tenter de refranchir les nombreux faux-plats et verrous naturels de Murmiltangil...
... mais aussi quelques premiers pans sympas à tracer.
Une dernière éprouvante remontée en escaliers nous permet de nous extraire de ce labyrinthe éreintant.
Les versants adrets sont souvent transformés en février, mais grâce aux températures extrêmes du jour, pas ceux de Varneralp.
Avec de la vitesse, ils restent parfaitement skiables.
Skier ou apprécier le panorama, il faut choisir. Même pas, il suffit d'utiliser les arrêts "reprise de souffle" pour profiter des somptueux points-de-vue que cette descente propose à chaque instant.
Comme lors de la montée, Sieur Gitzitotz suit en permanence notre évolution.
Petite transition boisée et plus technique pour regagner les pâturages de Chateaurié...
... à travers lesquels notre descente prend aussitôt un tour beaucoup plus ludique.
La retraversée des vastes forêts surplombant le village de Cordona est gérée en douceur grâce à la présence de la sinueuse route forestière.
Déchaussage préventif pour les derniers hectomètres d'un chemin pédestre particulièrement traître avec ces nombreux rochers affleurants.