Posé entre Menouve et Barasson, un pic anodin, quasiment herbeux jusqu’à son sommet, dont la seule raison d’exister semble résider dans l’art de surplomber paresseusement le petit village de St-Oyen du haut de ses 2’476 mètres, détonne par son appellation très « italienne » dans un Val d’Aoste où le français est roi lorsqu’il s’agit d’assigner un nom à un lieu. Il aurait pu, ou aurait dû, s’appeler le Mont « Canotier », mais quelqu’un a choisi de l’affubler de son équivalent dans la langue chère à Dante, « Paglietta », comme pour bien signifier qu’il est peut-être moins anodin qu’il n’y parait.
Et s’il y a bien un domaine dans lequel le « Paglietta » est loin d’être anodin, c’est le formidable potentiel qu’il recèle en matière de chemins, d’abord le long de ses flancs, puis dans les profondes combes qui l’encadrent avec leurs alpages perchés et leurs torrents bouillonnants. Débutant par du panoramique, il propose rapidement du technique, avant de dérouler un long tronçon fort sympathique, à condition d’apprécier boue et eau débordante, puis d’ajouter du lacet ludique et, enfin, de terminer avec un chapelet d’épingles totalement fantasmagoriques et saugrenues tant elles semblent n’avoir été tracées que dans le but de faire de l’art pour l’art.