Si on vivait une année normale, on dirait qu’octobre, fidèle à sa réputation, prolonge notre été de son habituel épisode « indien ». Mais comme on vit une année sans été, octobre ne prolonge rien du tout. Il fait juste de faire ce qu’il sait faire de mieux, depuis que le changement est devenu la norme climatique : une arrière-saison douce et ensoleillée, propice à la remise à niveau de notre stock de vitamines D et de joie de vivre, lessivé par un pseudo été trop frais et beaucoup trop arrosé.
Attendu avec un bel appétit, notre menu d’automne nous a à nouveau déçu, pour la deuxième année consécutive. Non pas par son plat principal, l’incontournable « Eperviers », toujours à la hauteur de son empilement de lacets en adret, mais par ce qui aurait dû en constituer le dessert, son cousin plus septentrional des « Crêtes ». Mis à mal par des shuttles répétés et régulièrement emprunté par des motards sans remords, il est encore dans un plus piteux état qu’on ne l’avait trouvé au printemps dernier. Ravagé de sillons tous plus profonds et caillouteux les uns que les autres, il a définitivement perdu son âme de toboggan sinueux et joueur, pour n’être, désormais, plus qu’un dévaloir usé jusqu’à la roche et piégeux comme une piste permanente abandonnée par son service d’entretien.
On ne le dira jamais assez, le « trop » est souvent l’ennemi du « bien », y compris, ou surtout, en matière de chemins.
Démarrage en pentes pas vraiment douces et en températures pas vraiment chaudes. L'automne reprend peu à peu possession de notre terrain de jeu.
Pas au point de nous priver de selle, mais en nous forçant à démarrer tardivement et à rouler « habillés ».
Le Bisse-Vieux, douce et sympathique alternative aux différents rubans de bitume permettant de remonter la vallée du Grand-St-Bernard.
Quand on franchit la profonde combe d'Aron, on sait d'où l'on vient et on voit où l'on va.
Reste que pour s'y hisser, il faut encore copieusement pédaler via la rugueuse piste forestière de la Lantse.
Apercevoir le Coeur et avoir son karma qui s'allume. A moins que cela ne soit qu'un peu d'humidité dans l'objectif du HX-95 ?
La photo claque, mais la réalité est encore beaucoup plus gratifiante pour les yeux et les âmes.
Y a vraiment plus de doutes, octobre « l’Indien » n'aime pas les nuages.
Midi ou pas, on ne masque pas facilement ses Dents, même quand on s'appelle Catogne.
Rencontre au sommet avec un revenant, l'ami JP et son fidèle Yeti turquoise. Comme quoi, y a vraiment que les montagnes qui ne se rencontrent jamais.
L'entrée dans les « Eperviers » : de la marche et du mauvais lacet. Mais il en va des chemins comme des humains, il ne faut jamais se fier à la première impression.
Entre en ouvrir l'entrée et le couper, il y a une subtilité que l'ami JP ne semble pas avoir complètement captée.
Comme la cabane du Col de Mille, désormais désertée, les « Eperviers » semblent avoir vécu une fréquentation estivale à la hauteur de leur réputation.
Si l'on en croit la profondeur de certains sillons.
Le jaune est, comme chaque automne, tendance dans la famille mélèzes.
Comme l'ocre dans celle des pâtures d'altitude.
Vélo turquoise sur fond de ciel bleu, le capteur du Sony rame un peu pour définir tous les détails du carbone « coloradien ».
JP contre JP !
A peine moins de zone verglacées que l'an dernier, mais toujours pas mal de givre une fois l'Aron traversé.
Au sillon rugueux et parfois profond, l'herbe douce reste une alternative à la hauteur. C'est le cas de le dire.
Au royaume du jaune, le rouge est roi .. de l'objectif...
... même si le gris-olive s'y intègre mieux.
Mais au royaume du lacet, il n'y a qu'un seul roi : les « Eperviers »...
... et quelques princes, les bikers inspirés.
La transition Chandonne-Commeire, en version « muscu », reste un joli morceau de puls' et de mollets.
Les Crêtes : un dessert qui commence gentiment à avoir un petit goût de « reviens-y plus ».
Et des tronçons qui n'ont plus bientôt plus rien à voir avec un chemin.
Finalement, il n'y aura que le pousse-café, le parcours Vita d'Orsières, pour nous réconcilier avec les sentiers de fin de journée.