Je la vois tous les matins en prenant mon petit déj’, je l’aperçois tous les jours ouvrables en entrant ou en sortant du bureau, je l’ai déja effleurée et survolée en parapente, gravie un nombre incalculable de fois, mais je n’avais encore jamais posé les crampons de mon VTT sur ses flancs herbeux et ses pics rocailleux. Voilà qui est désormais chose faite. Dimanche 2 juin, avec JP nous avons emmené nos deux Strike faire une petite balade au sommet de la Pierre-A-Voir. Une rando mémorable via Isérables, la Tsoumaz puis la Croix-de-Coeur, pour finir par l’ascension de cet incroyable pic de granit surplombant à la fois la vallée du Rhône et le val de Bagnes.
Les panoramas offerts par cet itinéraire sont certainement parmi les plus mémorables que j’ai eu la chance de découvrir depuis la selle de mon VTT. En résumé j’ai fait le plein d’images, d’émotions, de sensations et … de sueur pour pratiquement toute une longue semaine de taf.
Saut de puce jusqu'à Isérables pour gommer les 600 premiers mètres de dénvivelé, puis longue et belle ascension par Audes, la Tsoumaz et la Croix-de-Coeur à travers les mélèzes et les arolles.
La pente est régulière et modérée et la large piste défile inexorablement sous les crampons de nos Strikes. J'ai récupéré mon fidèle spad après l'essai du Spec' Enduro et JP s'offre un petit break sur un de ses cousins, en attendant de pouvoir retrouver son Raven.
Finalement l'interminable montée arrive à son terme. La Croix-de-Coeur nous accueille enfin avec son légendaire et fidèle souffle laminaire très apprécié par les praticants de vol libre.
Poor Lonely Rider..... On pourrait le croire, mais mon Jolly Jumper à moi a bien meilleur caractère que celui du chanceux Luck. L'arrivée sur l'arête de Savoleyre marque la fin d'un bref mais éprouvant raidillon, mais surtout la fin des pistes en terre et le début des single-tracks.
Le sentier débute à travers les prairies que je dévalais encore, il y a 2 mois à peine sur mon K2 Astar... Cherchez pas dans la gamme VTT du fabricant US, il s'agit de snowboard.. Clin d'oeil à Mozart et aux autres NGistes qui s'étaient laissé piéger par mon post sur le sujet il y a quelques temps.
L’étroit chemin court à travers les pâturages à peine désertés par la neige. Encore une crête à contourner et c'est l'arrivée au Col de la Marlène. Rien à voir avec la taspé du loft... Le Col dont il est question ici est le point d'entrée Est du petit massif de la Pierre-A-Voir.
Le voici enfin ce fameux col de la Marlène, qui nous permet de réadmirer à nouveau la vallée du Rhône, le massif du Chavalard sur l'autre versant et les Dents-du-Midi, logo de ce site, au loin sur la gauche.
Evidemment, à cette saison, il faut toujours s'attendre à quelques surprises désagréables dès que les 2000 mètres d’altitude sont dépassés. Si au loin, la Pierre-A-Voir est parfaitement dégagée, de nombreux névés garnissent encore les versants Nord des crêtes qui relient la Tournelle au Col de la Marlène.
Après une petite séance de thalasso glaciale à travers une neige particulièrement molle, parfois enfoncés jusqu'aux hanches.... retour en selle pour une sympathique mais fort heureusement courte descente dans une boue liquide et incroyablement glissante.
Le Col de la Marlène marque également le début d'un premier tronçon de portage. Mais avec un panorama pareil, je suis sûr que JP est prêt à emmener sur son dos le léger Strike jusqu'au bout du monde.
Ho... Hisse.... Le premier qui me dit que le poids c'est dans la tête, je l'invite à notre prochaine rando et dès le premier tronçon de poussette/portage, je lui file mon Strike à trimballer en plus de son propre spad. Bon, sans déconner, c'est le genre de situation dans laquelle je suis content d'avoir retrouvé ma fidèle monture. Je crois bien que je n'aurais jamais emmener un Enduro jusqu'au sommet de la Pierre-A-Voir.
L'étroite arête qui donne accès au sommet serpente langoureusement comme si elle semblait hésiter entre la Vallée du Rhône et le Val de Bagnes, offrant tour à tour un point de vue à couper le souffle sur le plateau de Verbier, puis un panorama infini sur tout le Bas-Valais de Sion à Martigny.
Ne vous fiez pas à ce cliché, les parties roulantes sont courtes et rares mais offrent des sensations hors du commun dans un tel environnement.
Single To Paradise.... Si seulement ce sentier pouvait aller jusqu'au massif du Mont-Blanc qui se profile au loin... Bon on va pas non plus se plaindre. On est à plus de 2400 mètres dans un massif réputé pour ses voies d’escalade et pourtant on roule.
En attendant de crapahuter gaiement dans les restes de neige fondante de la face nord, retour dans les pics érodés de la face sud pour un début de descente digne d'un paysage de Far West. Si, si, cherchez bien, il y a un biker sur la photo.
Après nous être péniblement extraits des gigantesques éboulis situés au pied du sommet principal, nous nous offrons une petite escapade à cheval sur l'arête redevenue herbeuse, sous le regard bienveillant de cette bonne vieille Pierre que vous aussi vous devriez Aller Voir à l'occase..
Les choses sérieuses reprennent aussitôt que nous basculons dans la Grand Lui. Un single très technique et étroit, délicat à maîtriser nous invite à plonger en direction de la vallée du Rhône.
JP pas vraiment dépaysé sur son spad d'emprunt s'en donne à coeur joie pour déjouer les pièges sournois et survoler les obstacles du tortueux sentier, sous l'oeil amusé d’une colonie de jeunes mélèzes.
Quand ce n'est pas la pente impressionnante, l'étroitesse rédhibitoire ou les marches infranchissables qui ralentissent notre descente, nous avons la chance de profiter des bienfaits d'un bain de boue sur le sentier tranformé en petit torrent par la neige fondante.
Après une courte transition par une piste forestière, nous atteignons le renommé Col du Lin, dont l'herbe douce et l'ombre fraîche de ses majestueux mélèzes sont très appéciées des adeptes de barbecue dominical.
La traversée entre le Col du Lin et le Col du Tronc n'est qu'un sympathique intermède à travers les innombrables nids de pics-niqueurs assoupis par la chaleur et les abus de bonne chaire. Mais la descente à travers prés en direction du Col des Planches reste toujours un moment de pur bonheur
La touche finale de la sortie se fait par l'interminable chemin qui dégringole du Col des Planches en direction de l'amphithéâtre de Martigny. Ce sentier est une pure merveille que nous avons malheureusement aujourd’hui un peu de peine à apprécier à sa juste valeur. La faute aux incroyables spots précédemment traversés mais surtout à un léger début de lassitude liée à nos 7 précédentes heures de rando..