C’est peut-être paradoxal, mais ces premières journées caniculaires de l’année ne riment pas (encore) avec fraîcheur liée à l’altitude. En effet, débarrassés de l’aléa météo, nous voilà encore provisoirement limités en amplitude dénivelée par un manteau neigeux très conséquent sur les hauteurs. Difficile d’espérer dépasser les 1’900/2’000 mètres en adret, 1’700/1800 mètres en ubac, sans avoir à se mouiller les pieds ou pire, patauger joyeusement dans une neige aussi molle que profonde. Alors nous redoublons d’imagination pour enchainer les sorties en moyenne montagne. Après Tatz, jeudi, c’était au tour de Fäsilalp, Niwenalp et Bachalp de (re)voir nos roues cramponnées en ce dimanche « pontifical ».*
Même versant, mais coteau voisin et autre rive de la Lonza pour s’extraire de la chaleur régnant déjà en plaine par un court transfert mécanisé.
– « Jeitzi » 2019, première, moteur !
– Eh non, même pas.
D’abord envisagée comme une sortie « assistée », histoire de s’affranchir de la canicule et du mal de jambes résiduel, nous avons finalement opté pour un itinéraire « musculaire » dans le but d’aller valider l’altitude des premiers névés et envisager les options envisageables pour nos futures escapades.
* si vous connaissez un autre adjectif qualifiant un pont religieux et calendaire, je suis preneur.
Dans les réparations "on the fly", on avait encore jamais tenté "remettre de l'air dans un Reverb ayant mal hiverné". Eh bien, désormais, on ne pourra plus le dire.
Les lacets ascendants qui permettent de s'extraire de la gare du téléphérique de Jeitzinen : l'art de se mettre en puls' après moins de 10 mètres.
La courte mais toujours rude ascension vers Fäsilalpu vit ses dernier hectomètres de bitume.
Autre surprise post-hibernation, la roue arrière freinée en permanence par l'étrier des Guides. Pas de quoi en perdre le sourire, juste quelques calories supplémentaires.
Ca aurait pu, ou ça aurait dû... Encore eut-il fallu... Enfin, bref, pour le "S" de l'alpage, c'est encore raté.
L'avantage avec des montagnes russes, comme celles menant de Fäsilalpu à Niwenalp, c'est qu'il y a des descentes.
L'inconvénient, c'est qu'il y a forcément aussi des montées. Et souvent bien saignantes.
Enfin, tout ça n'est que poésie quand on est "assistée" par Sieur Levo Himself.
J'attendais le premier névé à l'approche de Bachalp. Eh bien, on s'est déjà mouillé les pieds avant d'arriver à Niwenalp.
Bôôôôôôôôôô pays ! Non, le plus beau de tous !
Toutes les fontaines de Niwenalp ne sont pas magiques. Comprenez "recèlent des boissons fraîches en libre service".
Zoom sur l'autre rive de la Dala pour voir ce qui nous attendrait sur une Varneralp éventuellement trop précoce.
Eh oui, le gentil propriétaire de l'alpage à de quoi causer aux éventuels fraudeurs de sa fontaine magique.
Quand ce n'est pas Georgette, c'est un sympathique homonyme. Ces fleurs mauves se nomment Hepatica nobilis. Merci les ami(e)s !
La petite MAC permettant de basculer dans le vallon de Bachalp : neige sommitale n'empêche finalement pas le tricotage habituel.
Un lacet à l'endroit, un autre à l'envers....
... et finalement nous entrons dans LE vallon le plus sauvage de ce coteau béni des VTTistes.
Pour en ressortir aussitôt, face à l'ampleur de son manteau neigeux.
En effet, qui connait Sieur Levo, sait qu'on ne le met pas facilement sur son dos.
Direction Brentschen, via le "wanderweg" jouxtant le tumultueux Feschilju.
Si vous jugez le style particulier, attendez de connaitre le pilote, vous n'allez pas être déçus.
De la boue, de la fraîcheur et un tumulte assourdissant : le Stage 5, origines grand-britonnes obligent, est ici dans son élément.
Et au milieu y a même un chemin. Faut juste savoir y garder suffisamment de vitesse pour éventuellement survoler ses pierres les plus mal placées.
Ca c'est du virage "jockerless".
Le louper c'est mourir noyé et/ou frigorifié.
Autres montagnes russes du jour, au profil beaucoup plus prononcé, celles des gorges du Feschilju.
Et puis soudain, changement de versant oblige, tout n'est plus qu'herbage tendre, calme et volupté.
Brentschen-Engersch, le chemin des chemins. A faire absolument au moins une fois dans une vie de VTTiste. Et de préférence dans ce sens.
Tout y est quasiment roulable, mais rien n'est n'y est donné sans sueur ou pilotage avisé.
De ses deux kilomètres à flanc, il reste à chaque passage moins de "pieds", sans pour autant être définitivement "on the bike". Faudra encore revenir !
Flagrant délit de commérage avec vue.
La Erschmatt Highway, toujours aussi tentatrice en matière de vitesse et d'appuis sur talus.
Vaut quand même mieux y garder l'oeil ouvert et l'index prêt à tout.
Erschmatt Downtown : ruelles étroites et escaliers au menu d'une folle partie labyrinthique.
Le tortillard de Bratsch, entre caillasse et lacets, mon coeur hésite. En revanche, le pilotage, lui, a de bonnes raisons de s'appliquer.
Pas de défi sur ardoise à notre menu du jour. L'idée de partir pour l'Espagne avec un bras ou une clavicule en vrac ne motive pas grand' monde.
Le mois de mai le plus froid et humide depuis des décennies, et tout, ici, n'est déjà que terre aride et poussière.
Irene & David, les hôtes les plus chaleureux de tout Bratsch. (En même temps, je n'y connais personne d'autre.) Ceci-dit, leur Metje-Hüs reste un arrêt incontournable.
Quelques "dunkel-weiss" plus tard, la poussière n'a plus prise sur notre gorge...
... ni l'étouffante chaleur sur notre pilotage.
Niedergampel remonte alors très vite à notre rencontre.
Même si c'est parfois au prix de contorsions pas toujours expliquées dans le manuel.