Un petit Horlini, vendredi, ça vous dit ?
Quoi, encore une rando transalpine ?
Encore une escapade du côté de chez nos cousins valdotains ?
Eh non, perdu !
Certes le Horlini ne peut renier ses consonances latines. Certes il est bel et bien situé chez nos cousins, mais ce serait plutôt du côté des adeptes des masques de bois, les “Tschäggättä”, que dans la région des artisans-ébénistes et de la foire de la Sainte-Ourse, qu’il est à chercher. Posé en équilibre 1’100 mètres au-dessus des villages d’Albinen et de Guttet, ce superbe promontoire naturel n’apparaît pas (toujours) sur les cartes. Première crête de l’arête menant au Schafberg, puis au Torrenthorn, le Horlini aime à leurs tourner le dos comme pour mieux apprécier son magnifique point de vue sur la vallée du Rhône.
Finalement lassée de sa terrible froidure de début du mois, dame météo semble avoir rapidement « switcher » vers les attraits d’un printemps avant l’heure. Douceur revenue et vaillant soleil de février se sont ligués pour nous mitonner un cocktail de neiges digne d’une fin de saison, sur les versants exposés plein sud, comme ceux s’élevant au-dessus du pittoresque village de Guttet. Croutée à l’heure du départ, le manteau neigeux s’est inexorablement transformé dès les premiers rayons de soleil, pour nous proposer une palette complète de revêtements printaniers: d’abord plissé et durci par le vent, puis poudreux mais en phase de transformation, ensuite lourd et profond, et enfin, humide et finement revenu, selon l’altitude.
Malgré un horaire matinal, le soleil baigne déjà la banlieue Est de Guttet à notre arrivée.
Trace redurcie et derniers résidus nuageux accompagnent notre mise en jambes.
Bon, c'est promis, on ne fera pas de feu.
Comme souvent, sourires communicatifs et ajustements vestimentaires rythment les premiers hectomètres d'ascension.
Premier point carte pour parer à une trace de montée rapidement devenue furtive.
Après quelques hésitations sur le chemin à suivre...
... nous optons pour une incursion forestière...
... d'abord studieuse...
... puis ludique ...
... mais rapidement de plus en plus aléatoire...
... et ponctuée d'abruptes redescentes parfois fraîchement conclues.
Finalement, après un quart d'heure de jardinage, nous finissons par émerger dans la vaste et accueillante clairière de Sämstu.
Visiblement le coin est pas mal couru.
Traces de ski, empreintes de raquettes et sillons de moto-neige courent dans sa neige déjà en cours d'alourdissement.
Mélèzes centenaires et chemins de croix attestent que nous nous trouvons bien sur la rive orientale de la Raspille.
Pour ceux qui ont déjà fréquenté le village d'Oberu à la belle saison, le contraste est assez saisissant : seule une moitié de ses petits chalets émergent péniblement de l'énorme couche de neige.
Après une longue transition à flanc de versant ...
... nous abordons l'ascension finale, en mode zigzag de "machine à coudre".
En quittant les profondes combes pour gagner l'arête sommitale nous entrons dans un univers sculpté par les carpices du vent.
Les vaguelettes gelées succèdent aux zones dégarnies devant un panorama qui devient plus grandiose à chaque pas.
Sur l'arête Ouest, d'autres randonneurs partis d'Albinen s'élèvent lentement avec, en tête, la même idée que nous.
Atteindre ce sommet qui n'en finit pas de nous narguer...
... et de nous fuir à grands renforts de soubresauts gelés et de raidillons casse-pattes.
Un petit cliché sommital devant "notre cher" Restipass... ( A noter, que le village de Galm, en bas à droite, semble avoir été moins enseveli que celui d'Oberu, malgré son altitude supérieure.)
.... suivi d'un bref coup d'oeil vers le Schafberg, "seulement" 400 mètres plus haut, mais trop déplumé pour être tenté.
...mais toujours pas de casse-dalle réparateur pour cause d'insistantes entrées d'un frais biset du Nord.
A propos de casse-croûte, le début de descente, sur une neige gelée et piégeuse, s'y apparente grandement (au sens propre).
Chacun y va de sa technique et de son sens de l'observation pour dénicher les coins les moins pourris à skier...
... tout en essayant d'éviter les énormes corniches taillées par les tempêtes et que la pente masquent parfois jusqu'au dernier moment.
Finalement, nous finissons par dégotter deux ou trois zones moins mises à mal par le vent et offrant enfin une neige agréablement skiable...
... malgré son début de transformation.
Transformation que la perte d'altitude contritbue à accélérer rapidement.
Retour à Oberu...
... avec un long schuss de transition...
... pour retrouver une clairière de Sämsu désormais garnie d'une neige lourde et profonde ...
... qu'il faut tenter de skier en associant force et vitesse malgré des jambes de plus en plus fatiguées.
Et vues certaines traces, tenter est vraiment le mot juste.
La retraversée de la forêt de Spiuwald se passent beaucoup mieux qu'à l'aller, même si elle se fait partiellement en poussage.
Bonne surprise, une fine pellicule de neige juste décroûtée nous accueille à notre arrivée dans les pâturages de Guttet.
Moins profonde et plus "freinante", elle nous offre une fin de descente en mode express.
Finis les arrêt récup', désormais c'est full gaz jusqu'à la voiture.
Même si la bière y est fraîche, c'est toujours un peu particulier de la boire dans un EMS, en l'occurence le Rhoneblick de Guttet, ancien hôtel-restaurant reconverti et incournable étape sur notre trip VTT "Jeizinen-Albinen".