Itinéraire valdotain mythique s’il en est, le Lauson, imposant col flirtant avec les 3’300 mètres, tapi dans l’ombre de la majestueuse Grivola, nous faisait de l’œil depuis si longtemps qu’on a bien cru ne jamais parvenir à aller y ébrouer nos roues cramponnées. Souvent envisagé, souvent remis, parfois oublié, cet itinéraire alpin, monstrueusement « bikable » a bien failli ne jamais se concrétiser.
Vendredi, 14 septembre 2018, dans la fraîcheur d’une matinée brumeuse, parenthèse humide dans un été indien en phase d’installation, Maisonnasse, au bout du monde, le « tri-beep » du Levo qui s’éveille annonce, au-delà d’une longue journée en selle, notre rendez-vous avec le « monument » local. 1’650 mètres de D+, 12.5 kilomètres et 106 lacets d’un interminable et sinueux chemin de montagne. Le profil étudié, le tracé stocké, il ne reste « plukà » pédaler, pousser, transpirer, pulser, admirer et savourer.
Eau Rousse et humidité matinale, ou quand les conditions météo et lieu-dit sont au diapason.
Le premier kilomètre du Lauson, directement en chemin, un peu en lacets et beaucoup en cailloux.
A la sortie de la forêt, quand Maisonasse réapparait, le premier tiers de l'ascension est fait.
La transition vers le vallon de Levionaz ne donne pourtant rien. Chaque hectomètre gagné l'est à la force du mollet et à la précision de pilotage.
Levionaz Inferiore : dernier coup d'oeil sur le Valsavarenche ...
... avant de rentrer dans le vif du sujet, le vallon qui mène au Lauson.
Au milieu de chamois du parc national du Grand Paradis moins farouches que "nos" bouquetins, il n'est pas facile de se frayer un chemin.
Peu engageante, l'ascension vers Levionaz di Mezzo se passe finalement plus en selle que prévue.
Cher rocher, si tu pouvais éviter de glisser, nous ne faisons que passer.
Lauson, le chemin le plus "bikable" des Alpes ? Pour ce que j'en connais, je dirai un grand OUI.
Même ses épingles sont adaptées à la pratique du VTT.
Un chemin qui ne donne jamais rien, mais qui ne refuse, non plus, jamais rien...
... à condition d'avoir un meilleur sens des trajectoires que certains...
L'arête dentelée qui relie Grivola et Grand Paradis émerge peu à peu des brumes matinales...
... pendant que notre divin chemin n'en finit plus de sinuer paresseusement dans son abrupt versant.
A la moraine, on pensait que la suite serait poussée. Moralité, deux cent mètres au-dessus, la selle est toujours au menu...
... et peu de lacets restent invaincus.
Même quand la minéralité prend le pas sur le pâturage ...
... le poussage n'est toujours pas une fatalité.
3'200 mètres et toujours en selle. Le Lauson, c'est trop bon !
Jusqu'au mur final, où nous optons pour un casse-dalle bien mérité, plutôt qu'un portage épuisant, le Levo sur le dos.
Cogne et sa vallée toute proche attendront. Le versant occidental du Lauson mérite plus qu'une simple ascension.
Sous les friable falaises de la Punta Nera della Grivola, après l'aller, voilà le retour.
Pas plus mal, juste plus vite !
Pour une fois que ce ne sont pas les bikers qui coupent, mais les marcheurs fatigués par les circonvolutions du tortueux sentier.
Ca ressemble à un talus, mais ce n'est pourtant qu'un divin ruban...
... à suivre jusqu'au dernier de ses 106 lacets.
Allez, avec un peu de conviction, ça devrait bien passer... Ou pas.
Il était déjà là à la montée, celui-là ? Je préfère penser que oui.
Savoir ce qu'on a fait, c'est bien. Voir ce qu'il reste à faire, c'est mieux.
La moraine magique, man !
Levionaz di Mezzo : il faut un peu (beaucoup) viser et ne pas avoir peur de se mouiller.
Retour à l'ombre de la Punta de Tuf (la bien nommée ?).
La famille caprinée, vaguement intéressée, mais pas vraiment dérangée. Des vélos, ils en ont déjà vu passer.
Appréciée à l'aller, incontournable au retour.
La brève mais intense séance de pédalage permettant de vaincre le ressaut d'entrée du vallon de Levionaz.
Allez, c'est presque gagné !
Alpage de Levionaz Inferiore : y a pire comme endroit pour passer son été.
Welcome Back Into Valsavarenche !
Génial à la montée, hallucinant à la descente, le chemin de la forêt de Bien, le trop "bien" nommé.
Enfin, à condition de savoir gérer ses innombrables ardoises relevées...
... et ses fumants lacets avec vue.
Le ravin du torrent di Chaud marque la fin des douceurs.
Le secteur de l'Eau Rousse dont je viens de comprendre la judicieuse appellation...
... s'apprête à dérouler son tapis mal pavé.
Après le régime "smoothie", voilà son pendant "Orangina". Secouez-moi, secouez-moi !
Et c'est rien de le dire !
1650 mètres de D+ et encore une demi-batterie de réserve. Ce n'est plus un Levo, c'est un chameau.