Jusqu’à il y a une semaine exactement, Valsavarenche n’était pour moi qu’un nom de lieu, à consonance francophone, comme souvent dans le Val d’Aoste. Je n’y avais jamais mis les pieds, encore moins posé une roue, ni même repéré sa position sur une carte. Et voilà qu’en quelques jours, cette austère et abrupte vallée latérale de la rive droite de la Dora Baltea devient notre destination de prédilection pour le VTT.
Valsavarenche, épisode 2, après le monumental Lauson en « E », voilà le phénoménal « Leynir » en musculaire.
De là à dire, qu’un jour ou l’autre, nous finirons par rouler dans le Piémont, il n’y a qu’un pas, ou plutôt quelques kilomètres et un consensus à trouver pour concrétiser la fameuse « Via de Sale », Limone- Ventimiglia.
En attendant le prochain printemps, peut-être, c’est l’ami Leynir qui nous a bien occupé en ce nouveau vendredi d’un été pas encore indien, mais bel et bien calendaire, comme la ponctuelle équinoxe d’automne ne fera que vous le confirmer. Départ en portage, comme au Mont-Sarron, avant un long cheminement en pente douce et marécageuse pour rejoindre le Col de Nivolet. Rien d’extraordinaire, en dehors de l’ordre inversé des exercices, portage d’abord, roulage ensuite. Par contre, à partir de là, les images devraient être interdite aux moins de 18 ans, tant elles piquent les yeux. Imaginez un divin chemin sinuant entre pâturages d’altitude, vallons d’ocre minéral et somptueux lacs turquoise, s’élevant par paliers jusqu’à venir buter contre l’arête crénelée séparant Savarenche de Rhêmes. S’il est quasiment aussi « bikable » que le Lauson, le Leynir le surclasse encore en matière de paysages alpins.
Encore une case à cocher sur votre longue liste « to do once in his life ».
Si la montagne, ça vous gagne, le Valsavarenche, ça vous mange !
143.25 mètres d'une horizontalité ventée et très fraiche, et puis ...
... une heure d'un portage revêche et usant. Un début de journée comme je les aime.
L'avantage d'un parcours en aller-retour démarrant en porté, c'est que tu peux tranquillement étudier la meilleure ligne à choisir pour la descente.
Au fur et à mesure qu'il s'approche de la Croce Di Arolley, le chemin ne se fait pas moins pentu, juste mieux organisé côté pavés.
450 mètres de dénivelé avant de retrouvé un semblant d'horizontalité, celle du superbe vallon de Nivolet.
Une horizontalité appréciée, mais qui demande quand même un peu d'attention pour ne pas se mettre au tas.
Ponctué de petits verrous minéraux, le Nivolet fait la part belle aux zones marécageuses, topographie oblige.
Un petit "bunny" et ça devrait passer. Ou pas ...
Les chamois de Nivolet ne sont en rien moins farouches que leurs cousins du Lauson, juste un peu moins nombreux.
Une perspective. Deux façon de la voir. Désespérante à pieds. Appétissante à VTT.
Chacun méandre à son rythme. Notre chemin en suivant le pied du versant et le Dora del Nivolet au gré de son humeur paresseuse.
La Punta Basei et son glacier perché annoncent l'imminence du Colle del Nivolet.
Comme il n'était pas question de mettre une roue au Piémont, nous filons directement vers le Leynir, sans pause au célèbre Chivasso.
Bonne surprise, son chemin est exigeant mais quasi intégralement "bikable".
Lagho Rosset, une perle turquoise au royaume des ocres.
Courte séance de sherpa due à notre méconnaissance des lieux.
Ici, comme au Lauson, il ne faut jamais suivre l'itinéraire pédestre. Son cousin VTT, certes plus long, reste toujours roulable.
Mais bien sûr que ça passe. La preuve sur l'image à la une de l'article.
Admirer ou piloter, il faut choisir. Surtout quand on est un homme et, par nature, réputé monotâche.
Plus il s'élève, plus notre chemin s'enfonce à l'intérieur du relief séparant Valsavarenche de Rhêmes.
Peuvent pas suivre le chemin comme tous le monde, ces randonneurs coupeurs ? Et après, y en a encore qui vont se plaindre que les bikers abiment les tracés.
Bien épaulé par un vent glacial et forcissant, le mauvais temps annoncé pointe le bout de ses premiers nuages.
Au pied de la pente finale, devant un dernier portage rebutant et un timing un poil serré, nous optons pour boucler sans monter.
Riding On The Moon ! Police aurait pu le chanter, nous l'avons agréablement expérimenté.
Incroyable, même sur la lune, il y a des épingles vicieuses. La NASA aurait pu nous prévenir, quand même.
Le gris s'installe aussi vite dans le ciel, que la goutte sous notre nez frigorifié.
Courage, fuyons ! Heureusement, il n'y a qu'à gérer (un peu) et laisser filer (beaucoup).
Leità et Rosset, sépraés par leur moraine herbeuse, un spectacle dont aucun oeil ne peut vraiment se lasser.
Un chemin intégralement roulable à la montée, est forcément un peu "autoroutier" à la descente.
Qu'importe, le bonheur du biker n'est jamais que purement technique ou physique. Il est aussi souvent oculaire.
De paliers en paliers, le bleu Rosset remonte à notre rencontre à la vitesse grand V.
Sous un ciel voilé, une dernière fois le frôler... pour cette année.
Giansana, Foura, Violetta, les monts et les pointes rivalisent pour imposer leur faces abruptes et leurs arêtes crénelées.
Les laghi del Nivolet, la tête dans le Val d'Aoste, l'exutoire dans le Piémont. Ou l'art de bien choisir sa position.
Même si l'ami Ruedi avait été des nôtres, pas sûr qu'il aurait choisi l'option baignade, vu le biset froid qui ventile Nivolet depuis le début de la journée.
Un bref crochet par le chemin de rive et puis s'en va.
Direction Gran Collet et Nivolet, par le vallon du même nom.
Dame Grivola et sa rocailleuse face sud, muraille infranchissable pour vallée perchée.
Quand le chemin est trop mal pavé, le mieux est encore de choisir le rocher.
Lignes entrevues à la montée, aident à fluidifier (c'est un bien grand mot) l'exercice descendant.
Flagrant délit de coupe. Pour autant pas sûr que ça va beaucoup abimer le rocher.
Ecouter les conseils du photographe, mais toujours garder un oeil sur la ligne proposée, évite, du dentiste, la facture salée.
De retour à Croce Di Arolley. Si vous savez prier, c'est le moment de le montrer... avant d'entamer la plongée sur Breuil/le Pont.
Bien viser, rester concentré et garder toujours suffisamment de vitesse. Facile à dire, plus difficile à appliquer.
Une fois encore, quand le chemin se montre trop retors, choisissez le rocher, même s'il est très penché.
Et cesser de maudire les pavés. Ici, c'est encore ce qu'il y a de moins pire à rouler.
Choisir sa ligne, et s'y tenir. En fait, le VTT c'est comme la vie...
Et, en dernier recours, espérer que la cordelette de sécurité fera bien ce pourquoi elle a été installée.
Trop facile, ça sente le lacet piégeux.
Y a plus de chemin ou il tombe carrément d'un étage ?
Escaliers pas très mécaniques, ayant fait marteau-pique, en première langue, cherchent bikers motivés pour les tenter.
Pièges regroupés et lacets empilés. Un menu particulièrement copieux à avaler.
Quand la Dora del Nivelet cesse de chuter, c'est que Breuil est bientôt retouvé.
Ca fait du bien aux poignets de retrouver la terre meuble et un semblant d'horizontalité.
Dernier lacet : choisir la ligne extérieure, repérée à la montée, et sa dalle salvatrice.
Ah, mais non, le dernier lacet, c'est celui-là. Mais il ne compte pas, il passe tout seul.