Le Lauson, c’est bien sûr un col. Un col posé à 3’300 mètres entre le Valsavarenche et la vallée de Cogne. Mais le Lauson, c’est aussi, ou surtout, un chemin. En l’occurrence, un chemin tracé au XIXe siècle pour que le roi Vittorio Emanuele II puisse aller à la chasse. Aujourd’hui, le roi d’Italie est mort, le Grand Paradis, de terrain de chasse est devenu parc national, mais le chemin est toujours là. Un chemin qualifié de « facile » avec ses larges virages en épingles et sa déclivité jamais exagérée. Un chemin parfait pour le VTT ?
Si en « acoustique »*, l’exercice reste, à priori, surement très exigeant, en « assisté », il se révèle effectivement très bien adapté. Nous l’avions découvert en septembre 2018 , nous l’avons à nouveau vérifié en ce début août 2023 froid comme un mauvais octobre. Les 1’640 mètres de dénivelé qui séparent les Eaux Rousses de son point culminant s’effectuent quasi intégralement en selle. A la montée, mais aussi, bien évidemment, à la descente, puisque notre sortie s’est cantonnée au versant Valsavarenche, en aller-retour, histoire de s’exonérer de l’infame portage final.
Le Lauson possède peut-être le plus extraordinaire (à tous les sens du terme) chemin de tout le massif des Alpes. Un chemin sur lequel on peut rouler jusqu’à 3’000 mètres sans quitter la selle, n’est clairement pas un chemin ordinaire.
* Autre appellation du vtt musculaire.
Quand on met à son programme un itinéraire intégralement en « single », on peut s'attendre à un démarrage « drè dans l'pentu ».
« Drè dans l'pentu », ok, mais légèrement mieux pavé, ça serait trop demander ?
Après l'entrée en « cailloux », voilà le velouté aux « lacets ». Peu importe l'ordre des plats, du moment qu'ils sont servis « en selle ».
Une journée entière consacrée au régime « avec selle ». D'autant plus rare qu'elle se déroule intégralement en chemins.
Un chemin à la déclivité souvent bien adapté à « l'assisté », mais aux pièges multiples et parfois combinés.
Des lacets à gérer et souvent, la ligne « qui passe » à trouver. Voilà une ascension qui ne laisse pas beaucoup de place à la contemplation.
Ici plus qu'ailleurs, tout est susceptible de passer, mais rien n'est jamais gagné d'avance.
Voilà encore une pierre à ajouter à l'édifice de ceux qui pensent que je ne ne suis pas très pieux.
Levionaz Inferiore : trois bâtisses et une étable qui gardent l'entrée du vallon du même nom.
On entre dans le Levionaz non pas comme en religion, mais avec une horizontalité hautement appréciée, après les 650 premiers mètres de dénivelé avalé d'un trait.
Alors, quand la carte propose même une petite descente, on ne peut être qu'aux anges (à défaut d'esprit saint).
Forcément, avec 1600 mètres de dénivelé à escalader, l'horizontalité ne peut pas durer.
Toujours plus haut, mais toujours sur le vélo !
Que voilà un endroit qui porte bien mal son nom « Vallone dell'Inferno » ! Le responsable des appellations locales ne devait sûrement pas faire de VTT.
Ici tout est Levionaz. L'alpage Inferiore, il Mezzo, il Superiore et il Torrente, que nous n'en finissons pas de traverser et de retraverser.
Le fameux virage de la moraine. La première fois qu'on l'emprunte on se dit que, derrière, on va forcément finir par porter.
Mais, quand on l'a déjà fréquenté, on sait que non. 2'600 mètres d'altitude et toujours tout en selle.
Je ne sais pas qui a « shappé » ce chemin, dans les années 1850, mais il faudrait quand même penser à lui élever une statue à titre posthume.
Tracer pour des destriers qui seront inventés 150 ans plus tard, c'est fort ! Très très fort !
Vu du satellite de la NSA, ça semble tout plat. La réalité du terrain est tout autre, mais ne le dites surtout pas aux ricains.
Difficile d'oublier qu'on est dans le parc national du Grand Paradis, quant le titulaire du poste prend autant de place.
3000 mètres dépassés, et toujours « sellés ».
Finalement, il n'y aura que la terrible pente finale qui arrivera à nous faire entendre raison.
Aux 250 mètres de poussage/portage dans l'infame caillasse sommitale nous préférons le très « flowy » retour sur nos roues.
L'image est trompeuse et la « coupe » à la sauvage non pas l'oeuvre des bikers mais celle des randonneurs saoulés par tant de lacets. Une fois n'est pas coutume.
Il faut bien le reconnaitre, en matière de lacets, le Lauson ne fait pas dans la demi-mesure. 97 épingles, on pourrait jouer au mikado. Ou alors faire du vélo.
Le « Punte » de la Signora Grivola : A sinistra, la Bianca, e, a destra, la Nera.
Frigorifié par un mois d'août qui ramène dans l'actualité d'autres sujets que le réchauffement de juillet.
La fameuse moraine de terre ocre, n'est la fin du chemin, ni à la montée...
... ni à la descente. Elle ne fait que rajouter un soupçon d'ardoise et de caillasse à un itinéraire né sous le signe de la terre meuble.
Si toutes les traversées del Torrente di Levionaz ne mouillent pas les pieds, toutes se passent « sellé ».
Le « mouillage » de pieds, c'est après. Quand il Torrente décide de déborder.
Tout ici n'est que « paradis ». Les petits qui ont fait notre journée, et le Grand, qui chapeaute cet itinéraire béni.
Le paradis, oui ! Même si toutes les voies qui y mènent, ne sont pas toujours pavées de bonnes intentions.
Est-ce encore des chamois, ou déjà des chèvres du Val d'Aosta ? A voir leur comportement placide, on est en droit de se poser la question.
La courte descente des « anges » se transforme forcément, sur le retour, une montée un peu épicée.
Dans le Lauson, comme dans le cochon, tout est bon. Même le panorama proposé au moment de le quitter.
La plongée vers les Eaux Rousses démarre tout en lacets et en profonds sillons...
... avant de redevenir à de bien meilleurs sentiments.
Valsavarenche ou Val Ferret (Suisse). Vu sous cet angle, on pourrait presque dire qu'il y a match.
Ne me demandez pas comment j'ai fait pour prendre cette photo. Les voies des APN Sony sont parfois impénétrables.
A départ « drè dans l'pentu », arrivée « Orangina » (secouez-moi).