Même si notre « été indien » 2024 ne squatte encore nos contrées que grâce à un tumultueux régime du sud, avant de s’installer plus sérieusement la semaine prochaine, à la faveur du premier anticyclone arrimé sur les Alpes depuis des lustres, son apport en air doux et sec est déjà particulièrement appréciable, après une année aussi mouvementée et arrosée.
Seconde escapade de la saison en terres « Jeiziner ». Après l’incontournable Rinderhuette, fin août, nous avons, cette fois, privilégié le côté oriental de ce formidable adret, l’épaulement de Heruhubel qui le sépare du pittoresque Loetschental. Un itinéraire clairement plus « roots » que le très fréquenté « Torrentrail Bike », mais un itinéraire loin d’être inconnu pour autant, mis à part l’inédite boucle sommitale sur les hauteurs de Strite, cousin ensoleillé du sombre et rugueux Horiläger , qu’on avait visité à la même période, fin octobre 2022.
Au sortir de la cabine du vieux téléphérique de Gampel-Jeizinen, le foehn est déjà bien établi. Mais du coup, le soleil aussi.
D'abord Unteri puis ensuite Oberi, deux Fäsilalpu à visiter pour définitivement dire « AD » au bitume.
Du pâturage de Stafel à celui de Heruhubel, il y a 100 mètres de dénivelé...
... et un chemin tapissé d'or et de pourcentages pour les relier.
Si le foehn nous préserve encore du mauvais temps en provenance du Sud, certains nuages tentent déjà la traversée de la vallée du Rhône avec un certain succès.
Même les sommets de la rive droite du Loetschental commencent à être touchés par les débordements en provenance du Simplon.
Cernée de mauvais temps, mais baignée de douceur, la traversée vers le pays des « tschäggättä » reste toujours une grand moment de VTT...
... et de contemplation. L'endroit dégage une beauté brute et sauvage magnifiée par la lumière d'un automne désormais bien installé.
Aborder le Loetschental autrement que par ses tunnels ferroviaires ou ses galeries routières donne une toute autre vision de cette vallée isolée et encaissée.
Quand Oberi Meiggu est en vue, c'est qu'on a définitivement tourner le dos à la vallée du Rhône.
La remontée de la piste ayant servi à la construction des paravalanches d'Uistre Bärg est une formalité en assisté.
En revanche, les premiers hectomètres du chemin qui mène à Strite, n'ont rien à voir avec son homophone anglais.
Ici, la « parade » n'est pas bordée de cossus édifices zurichois, mais de précieux paravalanches rouillés. L'être ou le paraitre ?
Mais, si l'endroit est clairement abrupt, son chemin, dans un premier temps, reste largement plus « bikable » que son proche voisin menant à la crête d'Horiläger.
Ceci dit, les derniers hectomètres à escalader ne sont forcément ni plus faciles, ni les plus horizontaux, comme souvent.
Changement de versant singulier pour un changement de programme immédiatement apprécié.
Fini de lutter contre la déclivité. Désormais, y a plus qu'à l'utiliser pour se laisser glisser.
Et, glisser est clairement le terme le plus approprié sur un chemin aussi furtif et piégeux.
Pourtant, à force d'insister, il consent peu à peu à se laisser rouler.
Jamais avec facilité, jamais comme vous le voudriez, mais néanmoins sellé.
Voilà une sente perdue qui mérite bien son balisage rouge et blanc.
Boucle sommitale inédite mais moins gratifiante qu'espéré. Faudra encore chercher pour compléter un itinéraire jusqu'ici béni.
Retour à Meiggu rime aujourd'hui avec retour en terre connue.
Avec l'avancée de l'automne, d'Oberi à Underi Meiggu tout n'est désormais que tapis.
Le chemin, plutôt conciliant et son revêtement, fait intégralement d'aiguilles de mélèze.
On se sent souvent tout petit, par ici, mais face à des mélèzes aussi balaises, on est clairement des nains de jardin.
Le retour vers Jeizinen débute à travers pâturages avant de s'enfoncer dans les vertigineuses forêts surplombant la gare ferroviaire de Goppenstein.
Les stickers des shuttlers, sont la plaie des panneaux indicateurs. Bonne action du jour, retirer leur publicité déplacée.
Arblöwinu, Rüezilöwinu, Seeloiwinu, Längi Loiwinu, les ravins vertigineux se succèdent, mais aucun n'arrive à empêcher notre divin chemin de passer.
Du pâturage d'Underi Meiggu à celui de Ägärtä, il y a 5 kilomètres de chemin et de plaisir unanimement loué.
La « Erschmatt Highway », ses virages relevés et sa tôle ondulée, un mets de choix pour regagner la vallée (du Rhône).
Encore quelques années, et on pourra y rouler les yeux fermés.
Les yeux fermés, mais le coeur bien accroché.
Après la « Highway », le tortillard. Ou comment aller de Erschmatt à Bratsch.
Si le mauvais temps descend maintenant jusqu'aux portes de Brigue, Gampel et sa région sont encore parfaitement au sec. Merci, Monsieur le foehn de nous préserver de l'humidité qui règne un peu partout sur l'Europe !