Mille, comme tous le cols, possède deux versants. Mais, si son ubac est maintenant privilégié pour le VTT, depuis que ses chemins ont été « shapés », son adret n’est pas dénué d’intérêt pour autant. Si ses itinéraires sont naturellement plus « roots », ils proposent néanmoins plusieurs variantes intéressantes à rouler. A tout seigneur, tout honneur, il faut citer en premier, le célèbre chemin des Eperviers, qui plonge directement sur Liddes, tout en lacets. Il faut bien évidemment aussi parler du superbe monotrace perché sur la crête du Mont Brûlé, qui peut être rallongée par le vénérable mais désormais cabossé, toboggan des Crêtes.
Mais le versant sud du col de Mille cache encore un troisième itinéraire de descente, plus original, consistant à transiter vers la Vuardette et le Cœur, « par le haut », via la panoramique cuvette de Plan Sévereu, avant de plonger vers la vallée, via la Dreudze et Morion.
Ce qui a été pendant longtemps notre itinéraire de prédilection pour accéder au Col de Mille, en démarrant de Bourg-St-Pierre, est devenu aujourd’hui, un contresens inédit et plus « bijou » à rouler qu’il n’y parait.
En fait, le Col de Mille, quel que soi le versant choisi, est clairement le « spot » local le plus prodigue en sentiers VTT.
1000 mètres de dénivelé à vaincre pour, enfin émerger au soleil et gagner quelques précieux degrés. Y a plus de doutes, l'automne est là, et bien là.
Une fois Erra d'en Haut passé, il n'y a plus ni routes, ni pistes. Ce ne sont que des chemins jusqu'au retour en vallée.
Et notre premier chemin n'est pas que divin, il est aussi « pourcenté » qu'un rabais sur un vélo Scott.
Mais « pourcenté » ne rime pas forcément avec « pieds » quand on est bien assistés.
Plus que 200 mètres de dénivelé et tu auras droit à ton nième café de la journée.
Oh hisse ! Certains cafés demandent plus de mérite que les autres.
Un peu d'eau chaude, quelques grains torréfiés et un sandwich plus tard, nous quittons déjà à regret l'accueillante cabane du Col de Mille.
Direction la plongée sur les Oujets, Servay, les Beutszons, puis Momin ?
Eh non ! Une fois n'est pas coutume, notre deuxième chemin du jour, primo, continue à monter et, secundo, persiste en adret.
Un adret panoramique comme aucun autre...
... et un chemin bien plus « bikable » qu'espéré. Ca commence à sentir la bonne pioche, cet itinéraire à contresens.
Et ce ne sont pas les premières crêtes franchies qui viennent contredire ce bon sentiment initial.
Quand nous pensions que le point culminant de l'itinéraire serait peut-être compliqué à atteindre en selle, ce n'est pas à cet embouteillage caprin que nous pensions.
Mais à cette ascension en lacets d'une moraine, qui, finalement, passe quasi intégralement « sellée ».
2'563 mètres et toujours pas « à pieds ». Vraiment inespéré !
Et, normalement, à partir d'ici, ça devrait enfin commencer à descendre.
Va de retro, Alzheimer ! Effectivement, ça descend. Mes souvenirs sont encore bien vivaces, 7 ans après notre dernier passage, ici même.
C'est à partir de Plan Sevéreu que les choses ont commencé à se corser, comme disent nos amis insulaires.
A se corser et à piquer, avec cette série de bugnes bien retorses à escalader...
... pour accéder à la Vuardette, collet panoramique s'il en est.
Pile, le massif du Mont-Blanc !
Et face, celui des Combins !
Entre ces deux géants, un chemin herbeux et rectiligne, accroché aux flancs de la Pointe du Six Rodze.
Ce n'est qu'en changeant de rive du torrent de Palasui, qu'on change finalement de menu.
La terre meuble et rectiligne cède sa place à un tracé de plus en plus sinuant entre des rochers menaçants.
Plus moyen de rouler paresseux, il faut s'y montrer actif et particulièrement attentif sur les lignes choisies.
Ceci dit, emprunté dans le sens descendant, ce monotrace ondulant, n'a rien plus à voir avec son exigeante version ascendante.
Petit arrêt pour admirer le toujours formidable panorama proposé par l'alpage du Coeur, avant de reprendre notre plongée en vallée.
Direction, la Dreudze, Morion, puis Crêdedin.
Dans mes souvenirs, ce chemin était plutôt accueillant.
Et comme mes souvenirs sont plutôt vivaces, une fois encore, cela se vérifie sur le terrain.
De longues rectilignes, en pentes douces, entrecoupées de quelques lacets pour rester concentrés.
Avec un tel menu, la vallée d'Entremont, ne remonte finalement pas si vite à notre rencontre.
A partir de Morion, nous tournons définitivement le dos au Haut Entremont.
Direction l'infâme tronçon de la forêt de Crêdelin. Seul point noir sur un itinéraire quasiment béni.